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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Sauver les animaux pour aider l’humanité à Gaza

Publié par Gilles Munier sur 10 Septembre 2024, 07:54am

Catégories : #Gaza, #Tsahal

Prise en charge d’un cheval à Gaza

Pendant que les principales puissances occidentales maintiennent leur soutien au régime sioniste et à son entreprise génocidaire, des nombreuses voix se lèvent des tréfonds de leurs sociétés pour protester et exiger que soit mis fin aux opérations de l’armée sioniste à Gaza. Ces mobilisations citoyennes peuvent déboucher sur l’implication directe dans des actions sur le terrain comme c’est ici le cas avec cet ancien soldat de l’armée britannique qui a créé une association dont la vocation initiale consiste à porter secours aux animaux domestiques dans des zones de guerre ou de catastrophe. Ainsi, après être intervenue en Ukraine et en Turquie, l’association Breaking The Chains est à pied d’œuvre dans la bande de Gaza. Cette action a de facto un rôle humanitaire comme on le comprend à la lecture de l’article que je vous propose.

Selon le fondateur de Breaking The Chains, qui en a vu pourtant d’autres,  « rien n’est comparable à Gaza ».

Tom travaille 24 heures sur 24 pour sauver les animaux coincés dans la bande de Gaza déchirée par la guerre où des dizaines d’animaux de compagnie ont disparu

Par Richard Ashmore (revue de presse : The Daily Mirror (UK) - 4 septembre 2024)*

Traduit de l’anglais par Djazaïri

Un ancien militaire chevronné de l’armée britannique utilise son expertise militaire pour sauver des animaux des décombres de Gaza , qui, selon lui, a été « renvoyée à l’âge  de pierre par les bombardements ».

À la tête d’une équipe de sauveteurs intrépides, Tom – qui ne divulgue pas son nom de famille pour protéger sa sécurité – travaille 24 heures sur 24, parcourant les bâtiments dévastés à la recherche d’ animaux domestiques, soignant les ânes blessés, essentiels à la fragile infrastructure  et qui  participent à l’acheminement de l’aide à la population déchirée par la guerre .

Originaire de Bridlington, dans l’East Yorkshire, il a lancé il y a deux ans Breaking the Chains, qui est actuellement la seule organisation internationale de protection des animaux dans ce territoire assiégé, où elle est présente depuis deux mois.

Avec l’aide de la société locale de protection des animaux Sulala, ils ont mis en place des cliniques de soins où, en plus des chats et des chiens , 300 ânes ont figuré parmi leurs patients.

Il n’y a pratiquement pas de carburant disponible, ce qui fait que les ânes et les chevaux sont les seuls moyens de transporter l’eau, la nourriture et d’ éliminer les déchets à Gaza . Il est donc essentiel de maintenir les animaux en bonne santé pour maintenir la population humaine en vie.

«Si l’on supprimait les ânes et les chevaux de toute la bande de Gaza, l’impact en serait catastrophique. La situation humanitaire serait 30 ou 40 fois pire – ce serait insensé », a déclaré Tom au Mirror .

«Les ânes et les chevaux sont une véritable bouée de sauvetage; ils sont l’un des principaux facteurs de maintien de la population en vie.

« Vous ne pouvez pas déplacer de gros camions parce que les endroits où les gens s’abritent sont très confinés, vous ne pouvez donc pas y accéder avec de gros véhicules, de plus, le carburant est rare et le peu qu’on trouve ici est incroyablement cher.

« Ces animaux sont absolument essentiels pour maintenir la population humaine en vie. »

S’adressant au Mirror depuis Gaza, Tom, 36 ans, hésite à révéler des détails intimes de son passage dans les forces britanniques, de peur que ces informations ne tombent entre de mauvaises mains.

Mais ses missions à l’étranger lui ont laissé un syndrome de stress post-traumatique et, passionné d’animaux, il dit que son inspiration pour lancer Breaking the Chains – présentée comme « des spécialistes internationaux dans l’extraction d’animaux de tous types et de toutes tailles en toute sécurité, hors de situations dangereuses et difficiles dans le monde entier » – est venue après que l’attachement mutuel entre lui et un ancien chien militaire aveugle qu’il avait adopté a participé à son rétablissement.

Surnommée « un croisement entre Rambo et la SPA », lors de ses séjours en Ukraine déchirée par la guerre et en Turquie après le tremblement de terre de 2023, l’ONG a bravé les bombes, les missiles russes et l’effondrement de bâtiments touchés par le tremblement de terre – tout cela pour sauver des animaux.

En Turquie, Tom se souvient que les survivants lui envoyaient des images de leurs animaux de compagnie piégés, implorant de l’aide.

En pénétrant dans des bâtiments dangereusement instables, lui et ses courageux bénévoles ont ramené plus de 400 chats à leurs propriétaires – aidant également à évacuer les corps de personnes qui avaient péri dans diverses bâtisses en ruines.

Motivée par sa mission d’aider «tous les êtres vivants », l’association a également mis en place un centre de réadaptation pour les soldats et les animaux de compagnie ukrainiens, où une partie de leur thérapie consiste à interagir avec des animaux sauvés.

Il explique : « À ma connaissance, il n’y a jamais eu auparavant un tel programme, où les vétérans blessés peuvent guérir aux côtés d’animaux qui présentent les mêmes blessures, provenant des mêmes endroits et de la même guerre.

« Il est tout à fait remarquable de constater la transformation des anciens combattants, entre leur arrivée et leur départ. Non seulement ils partagent le même type de blessures, de blessures par balle, d’amputations, de paralysies et de traumatismes mentaux, mais leurs blessures ont également été subies sur les mêmes champs de bataille et des mains du même agresseur : l’armée russe.

« Cela signifie que les animaux et les vétérans impliqués dans le programme se comprennent d’une manière que d’autres ne peuvent pas comprendre. »

Pourtant, malgré toutes les situations extrêmes qu’il a vues en Ukraine et en Turquie, il dit que rien n’est comparable à Gaza .

« Sans l’ombre d’un doute, ce que j’ai vu à Gaza est la pire situation que j’ai vécue », dit-il.

«Des animaux mangent des carcasses humaines, les humains mangent des animaux domestiques. C’est le chacun pour soi  [traduction incertaine, NdT]», dit-il.

«Les ONG internationales font du bon travail pour les humains, mais pour les animaux domestiques, personne ne fait vraiment quoi que ce soit en termes de soins vétérinaires.

«En plus d’aider les animaux, nous allons mettre en place des projets en lien avec les humains, car nous croyons qu’il faut aider tous les êtres vivants. Au final, on ne peut pas aider l’un sans aider l’autre. »

Mais les conditions sont incroyablement difficiles

«Les médicaments sont pratiquement inexistants, et les blessures que nous constatons sur les ânes sont des brûlures, des blessures par éclats d’obus, des blessures par collision avec d’autres charrettes et des lacérations », explique-t-il.

« Nous soignons les blessures, qui peuvent s’infecter gravement, ce qui entraîne évidemment un problème encore plus grave, et nous formons les propriétaires sur la manière de gérer ces blessures. 

De nombreux ânes ont été tués ou blessés, souvent intentionnellement, par les forces sionistes

Il y a eu des moments déchirants, lorsqu’ils ont sauvé des animaux, comme des chevaux, des décombres pour découvrir ensuite des blessures catastrophiques, qui ne leur ont laissé d’autre choix que d’euthanasier l’animal.

Décrivant la situation à Gaza, il poursuit : « C’est une toute petite zone, d’où personne ne peut sortir et personne ne peut entrer. Il y a un manque de fournitures et de soins médicaux et toutes les maisons et tous les véhicules ont été détruits. Il n’y a pratiquement plus rien ici et les gens sont revenus à l’âge de pierre, avec des millions de personnes confinées dans une zone qui en abriterait normalement seulement  des milliers. »

« Ils sont entourés de systèmes d’armes militaires qui fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7,  c’est tout simplement surréaliste. Il n’y a pas d’échappatoire. En fait, on joue aux échecs avec les déplacements en ce qui concerne les opérations militaires. Toutes les organisations d’aide humanitaire travaillent ici 24 heures sur 24. »

Mais Tom et son équipe ont reçu un soutien incroyable de la part de la population locale, qui a fait tout ce qu’elle pouvait pour aider au sauvetage et au traitement des animaux.

Il déclare : « Les animaux et les humains vont de pair. Le travail que nous effectuons avec les chiens et les chats permet de stopper les maladies et de stopper les zoonoses qui se transmettent aux humains.

«Avec autant de personnes et autant d’animaux confinés dans une seule zone, la prévention et l’atténuation des maladies sont absolument primordiales.

«Personne d’autre au sein de la communauté internationale ne fait ce que nous faisons en ce moment, même si l’association caritative locale, Sulala, a fait un travail remarquable.

« Ensemble, nous sommes les seuls au monde à nous efforcer de venir en aide à tous les animaux, ainsi qu’à la population de Gaza. »

Il y a eu des moments incroyablement enrichissants dans son vécu à Gaza.

400 chats ont pu être secourus

Il raconte : « Nous avons entendu parler d’une dame qui adore les chats. Elle les considère comme ses enfants. Elle a dû quitter Khan Younis pour rejoindre un camp international de personnes déplacées. Elle a donc pris tous les chats des rues qu’elle nourrissait régulièrement et les a emmenés dans sa tente.

« Elle nous a demandé de l’aider et il n’y avait pas que des chats adultes, il y avait aussi des chatons.

« Le simple fait de voir le niveau de compassion que cette dame avait pour les chats était incroyablement inspirant et elle a été émue aux larmes lorsque nous l’avons aidée.

« Nous avons recueilli les chats blessés et leur avons prodigué des soins médicaux, et nous avons laissé de la nourriture aux chats qu’elle avait. C’est une personne formidable et elle retourne maintenant dans sa maison détruite et continue à s’occuper des animaux là-bas. »

Mais Breaking the Chains ne place pas les animaux avant les humains.

« Nous croyons qu’il faut aider tous les êtres vivants », explique Tom. « Nous achetons des fournitures médicales pour aider les bébés, les enfants et les orphelins blessés dans les hôpitaux , et nous travaillons sur un projet d’assainissement de l’eau pour aider les familles à devenir autonomes.

« Nous mettons en place de nombreux projets humanitaires, pas seulement pour les enfants, mais aussi pour les familles, car nous croyons qu’il faut aider les êtres vivants qui sont dans le besoin. »

L’un des plus grands projets prévus par Breaking the Chains est la construction d’un centre de soins pour animaux à Gaza, peut-être une lueur d’espoir dans ce qui semble être une crise désespérée à l’heure actuelle.

*Source : Mounadil al Djazaïri

Version originale: The Daily Mirror
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