Revue de presse : Courrier international (1/6/22)*
Plus d’une centaine de cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo, une maladie transmise par les tiques et les animaux d’élevage, ont été enregistrés depuis un an. Vingt personnes sont mortes. Déjà fragilisé par plusieurs crises, l’Irak redoute, après le coronavirus, une nouvelle épidémie.
“En Irak, le rythme des crises sanitaires s’accélère de manière inédite”, s’inquiète le site panarabe Raseef22. Après la pandémie de coronavirus, le pays connaît un record de cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo, notamment dans les campagnes pauvres du sud du pays.
Transmise par des tiques ou par contact avec des animaux d’élevage infectés par ce virus, cette maladie provoque des flambées de fièvre hémorragique virale sévère, avec un taux de létalité de 10 à 40 %, décrit l’OMS. Ce qui explique pourquoi les éleveurs de bétail et les employés d’abattoirs sont les personnes les plus touchées. Ce virus est notamment endémique en Afrique, dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Asie. Pour l’instant, il n’existe pas de vaccin : ni pour l’homme, ni pour l’animal.
Selon les derniers chiffres, fournis le mardi 31 mai par le ministère de la Santé irakien, 120 cas de contamination ont été recensés depuis juin 2021. Vingt d’entre eux sont décédés. La courbe s’élève depuis janvier, mais plus particulièrement ces toutes dernières semaines.
En cause, selon certains experts, la non-organisation de campagnes de pulvérisation ces deux dernières années sur les bêtes en raison des restrictions imposées par le coronavirus et, plus largement, le réchauffement climatique, qui a favorisé la prolifération des tiques.
Une “catastrophe” de plus
Il y a quelques jours, les autorités ont mis en place une cellule de crise chargée de mettre en œuvre des campagnes de pulvérisation dans les abattoirs et les marchés et de sensibiliser la population. Une “réaction tardive”, juge le journaliste irakien, auteur de l’article sur le site panarabe.
Ces derniers jours, écrit Raseef22, “la propagation de la maladie en Irak a provoqué un état de panique parmi les citoyens”. Une peur qui augmente de jour en jour alors qu’approche l’Aïd El-Adha – “la fête du sacrifice”, en arabe –, la plus grande célébration musulmane de l’année, prévue en juillet prochain et lors de laquelle il est de tradition d’égorger une bête pour le repas.
Cette crise sanitaire risque d’avoir des conséquences économiques, craint une chercheuse citée par Raseef22, car elle met en péril l’ensemble du secteur de l’élevage, très présent dans les zones rurales, les régions les plus défavorisées du pays.
Une autre crise, qui s’ajoute à celles, politique, économique et climatique, déjà en cours en Irak, déplore le site :
“D’après ces données, l’Irak se tient au bord d’une nouvelle catastrophe sociale, menaçant la vie de ses citoyens, […] qui s’ajoute à la pile des catastrophes successives face auxquelles le citoyen est laissé seul, face à son destin.”
*Source : Courrier international