Revue de presse : Le Boursier (Media 24 - 23/4/21)*
Introuvables sur Twitter suite à la suspension du compte de Donald Trump, des captures de tweets de l'ancien président américain sont désormais archivées et vendues sous forme de NFT. Une nouvelle technologie de numérisation d'actifs devenue populaire chez les collectionneurs. Ce nouveau phénomène de collection d’objets numériques basé sur la blockchain se popularise mais reste encore méconnu au Maroc.
En janvier dernier, l’ancien président Donald Trump a été banni définitivement du réseau social Twitter pour incitation à la violence après les heurts du Capitole. Après la suspension de son compte, tous ses tweets ont été supprimés de la plateforme.
Récemment, le site Drumpfs.io a décidé de créer des NFT (Non-Fungible Tokens ou Jetons non-fongibles) à partir de captures d’écran de tous ses tweets, désormais introuvables.
Un NFT est un objet virtuel (chanson, image, photo ou vidéo, ndlr) à l’identité, l’authenticité et la traçabilité uniques et incontestables, grâce à la blockchain. Il confère un titre de propriété numérique unique. On peut donc devenir propriétaire d’une réplique numérique d’un ou plusieurs tweets de l’ancien président américain. « Le NFT est une représentation unique d’un asset réel. C’est ce que l’on peut appeler un ‘jumeau numérique’, qui est unique et échangeable. Pour un objet donné, on génère une sorte d’identifiant numérique unique que l’on peut acheter ou vendre » nous explique Badr Bellaj, spécialiste de la blockchain.
Spéculation sur des NFT concernant le Maroc
En somme, des captures des tweets de Donald Trump ont été numérisés sur la blockchain, et sont désormais achetables notamment avec des cryptomonnaies, en l’occurrence de l’Ether. N’importe quel particulier détenant cette cryptomonnaie peut acheter un des tweets répertoriés, le conserver, ou le vendre sur une plateforme spécialisée dans les œuvres numériques.
Parmi les NFT regroupant les captures des tweets de l’ancien président, une série de trois tweets sur la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara a été achetée par un acquéreur anonyme. Depuis, ce dernier (répertorié sous le pseudonyme « NioBig » ) a mis en vente la série de trois tweets pour une valeur de 40 Ether, soit près de 90.000 dollars sur la plateforme spécialisée OpenSea, qui permet l’achat, la vente et les enchères de NFT.
Dans la description du NFT, le détenteur explique : « La décision des États-Unis de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara a changé la donne dans ce conflit de plusieurs décennies. Dans une démarche sans précédent, le président américain Donald Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ce NFT est pour tous les vrais et fiers Marocains. Faisons l'histoire ».
« Pour ces tweets sur le Sahara, tout comme pour le marché de l’art, il s’agit d’un achat qui peut être lié au prestige et à la reconnaissance par les autres d’une symbolique forte. Vu que les tweets ne sont plus accessibles, c’est également considéré comme une pièce soit disant 'rare' » explique Badr Bellaj. La valeur de cette série de NFT sur le Sahara aurait probablement encore plus de valeur si Twitter lui-même mettait en vente le tweet originel. D’ailleurs, récemment, le PDG de Twitter, Jack Dorsey, a vendu son premier tweet NFT pour 2,9 millions de dollars. Il est daté du 21 mars 2006.
L’art numérique émerge mais demeure encore balbutiant au Maroc
Depuis le début de l’année, l’essor connu par les cryptomonnaies et la blockchain a également touché le monde de l’art avec les NFT (non-fungible tokens) ou jetons non-fongibles.
Fin février déjà, les NFT commençaient à faire parler d’elles dans le monde des collectionneurs d’art. D’ailleurs, la maison d’enchères Christie’s avait procédé au mois de mars à la vente d’un NFT pour un montant de 69 millions de dollars. Selon les données du site spécialisé DappRadar, plus de dix millions de dollars changent de main quotidiennement pour acheter ces objets de collection totalement dématérialisés.
Mais au Maroc, les NFT sont encore loin d’être démocratisés. « Je connais certaines personnes et maisons d’art qui s’intéressent aux NFT, mais cela reste du domaine de l’exploration. Il y a une tendance actuelle et certaines personnes cherchent à saisir des opportunités, mais cela reste embryonnaire » explique Badr Bellaj.
Précédemment, Hicham Daoudi, propriétaire de la maison de ventes aux enchères CMOOA expliquait à Medias24 : « Certains artistes marocains font des expériences en utilisant l’univers digital, mais ils n’ont pas encore l’intérêt du public. Il y a toujours un décalage de vingt ou trente ans entre la pratique quotidienne d’un art et son acceptation par le public ».
*Source : Le Boursier