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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Menace sur le port de Beyrouth : Le président Aoun et son gouvernement étaient au courant.

Publié par Gilles Munier sur 13 Août 2020, 13:05pm

Le général Michel Aoun, président de la République libanaise
I. L’Orient-Le Jour (OLJ avec Reuters - 11/8/20)* 
Les dirigeants prévenus en juillet des risques dans le port

Les dirigeants libanais avaient été prévenus au mois de juillet 2020 des risques dans le port

Un rapport de la sécurité de l'état fait référence à une lettre privée adressée au président Michel Aoun et au premier ministre Hassane Diab, Lundi 20 Juillet 2020, rapporte l'agence de presse Reuters.

Des responsables de la sécurité libanaise ont prévenu au mois de juillet 2020 le premier ministre et le président que deux mille sept cent cinquante tonnes de nitrate d'ammonium étaient conservées dans le port de Beyrouth et qu'elles pourraient détruire la capitale en cas d'explosion, selon des documents consultés par Reuters et des sources sécuritaires.

A peine deux semaines après ces avertissements, les produits chimiques ont provoqué une explosion ayant dévasté le port de Beyrouth, tué plus de cent soixante dix personnes, blessé plus de six mille autres personnes et détruit nombre de bâtiments, selon les autorités municipales.

Un rapport de la Direction Générale de la Sécurité de l'Etat (DGSE), portant sur les événements qui ont mené à l'explosion, fait référence à une lettre privée adressée au président Michel Aoun et au premier ministre Hassane Diab, Lundi 20 Juillet 2020. Bien que le contenu de cette lettre n'a pas été reproduit dans le rapport consulté par Reuters, un haut représentant des services de sécurité a déclaré qu'elle résumait les résultats d'une enquête judiciaire, débutée au mois de janvier 2020, qui concluait que les produits chimiques devaient être mis en sécurité immédiatement.

« Il y avait un danger que ce matériau, s'il venait à être volé, soit utilisé pour une attaque terroriste », a déclaré à Reuters le haut représentant, sous couvert d'anonymat.

« A l'issue de l'enquête, le procureur général Ghassan Oueidate a préparé un rapport final qui a été transmis aux autorités », a-t-il ajouté, en référence à la lettre envoyée au premier ministre et au chef de l'état.

« Je les ai prévenus que cela pourrait détruire Beyrouth en cas d'explosion », a poursuivi le représentant, impliqué dans la rédaction de la lettre.

Reuters n'a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante le contenu de la lettre. La sécurité de l'état a pour sa part confirmé Mardi 11 Août 2020 qu'elle avait alerté les autorités sur la dangerosité de la cargaison en question au port, sans préciser la date et les destinataires spécifiques de sa mise en garde.

Le cabinet du président n'a pas souhaité faire de commentaires sur le courrier du Lundi 20 Juillet 2020. Le parquet général s'est lui aussi refusé à tout commentaire.

Un représentant d'Hassane Diab, dont le gouvernement a démissionné, Lundi 10 Août 2020, six jours après l'explosion, a précisé que le premier ministre démissionnaire avait reçu ce courrier Lundi 20 Juillet 2020 et qu'il l'avait transmis dans les quarante-huit heures au conseil supérieur de défense pour avis, « le cabinet a reçu ce document quatorze jours avant l'explosion et il a agi à ce sujet quelques jours plus tard. Les précédentes administrations n'ont rien fait du tout en six ans ».

Cette correspondance pourrait exacerber les critiques et la colère de la population, qui voit dans l'explosion le dernier en date et probablement le plus dramatique exemple de la négligence du gouvernement et de la corruption qui ont déjà poussé le Liban au bord de l'effondrement économique. Alors que les manifestations continuaient Lundi 10 Août 2020 de faire rage à Beyrouth, six jours après l'incident, le gouvernement d'Hassane Diab a démissionné. Rebâtir la capitale libanaise devrait coûter jusqu'à quinze milliards de dollars, dans un pays déjà en faillite.

Le président Michel Aoun a confirmé la semaine dernière qu'il avait été informé de la présence du matériau. Il a déclaré aux journalistes qu'il avait demandé au secrétaire général du conseil supérieur de défense de faire le nécessaire.

« Les services de sécurité de l'état ont dit que c'était dangereux. Je ne suis pas responsable. Je ne savais pas où c'était stocké et je ne savais pas à quel point c'était dangereux. Je n'ai pas autorité à m'occuper directement du port. Il y a une hiérarchie et tous ceux qui étaient au courant auraient dû reconnaître leur devoir de faire le nécessaire », a dit Michel Aoun.

De nombreuses questions demeurent sur les raisons pour lesquelles la cargaison de nitrate d'ammonium est arrivée à Beyrouth à la fin de l'année 2013 et, encore plus effarant, pourquoi un tel stock de matériau hautement explosif a été maintenu à cet endroit, pendant aussi longtemps.

Le rapport consulté par Reuters indique que de nombreuses demandes, dont le nombre n'est pas précisé, ont été formulées auprès de tribunaux par des représentants du port, des douanes et des services de sécurité, pour que soit déplacé le stock de nitrate d'ammonium. Des juges et des représentants des services des douanes, contactés par Reuters, ont décliné des demandes de commentaire.

Un certain nombre de membres du personnel douanier et portuaire ont été arrêtés dans le cadre de l'enquête sur l'explosion dans le port, qui se trouve à proximité du centre-ville. Au mois de janvier 2020, un juge a lancé une enquête officielle après la découverte de problèmes de sécurité dans le hangar portuaire, dont un trou dans l'un des murs et une porte défaillante.

D'après une source haut placée, le procureur général Ghassan Oueidate a ordonné, dans son rapport final après cette enquête, de remédier aux failles de sécurité et de réparer les trous. Le 4 juin 2020, suite à ces ordres, les services de sécurité de l'état ont demandé aux autorités portuaires de faire des travaux, selon le rapport et des représentants des services de sécurité.

Au cours des travaux, qui n'étaient pas supervisés en permanence, a dit une source sécuritaire, des étincelles provoquées par les soudures ont déclenché une flamme qui s'est propagée.

« Une heure plus tard, un important incendie a été déclenché par les feux d'artifice stockés dans le même hangar », a dit le représentant, « et cela s'est propagé au matériau qui a explosé. Le hangar fait face à la mer, c'est seulement pour cela que l'explosion a été limitée. Sinon tout Beyrouth aurait été détruit. C'est un problème de négligence, d'irresponsabilité, de mauvais stockage et de mauvais jugement ».

*Source: OLJ/Reuters

 

II. Newsdesk Libnanews (12/8/20)**
 

Explosion: Un entrepreneur américain avait mis en garde des responsables du port, les autorités des Etats-Unis également mis en cause
 

De nouveaux rapports émergent sur les menaces encourues dans le port de Beyrouth. Ainsi, un entrepreneur américain travaillant avec les autorités américaines avait mis en garde contre une possible explosion à l’intérieur de l’enceinte du port, 4 ans avant qu’elles n’interviennent, confirment certaines sources à Washington.

Il aurait ainsi souligné le manque de sécurité des installations portuaires pour le stockage de produits chimiques dangereux dont ceux qui pourraient être à l’origine de l’incendie ou de l’explosion.

Son témoignage a été noté dans un rapport de 4 pages du Département d’Etat des Etats-Unis, jusque-là confidentiel, republié par le New York Times. Le département d’état américain n’aurait pas enregistré ce rapport jusqu’à l’explosion du 4 août.

Certains pays, toujours selon la source du quotidien, auraient été surpris et dénoncent le fait que les Etats-Unis aient eu connaissance de cette information sans les informer. Plusieurs représentations diplomatiques occidentales à Beyrouth ont perdu certains de leurs membres, comme l’Allemagne ou encore les Pays-Bas dont l’épouse de l’ambassadeur au Liban est décédée.

Le rapport n’est pas marqué confidentiel mais à contenu sensible.

Ainsi, les Etats-Unis notent que le nom des différents responsables libanais informés de l’existence de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth. Ce dernier était arrivé en 2013 au Liban. Le rapport indique qu’un consultant américain travaillant pour l’Armée des Etats-Unis et coopérant avec la marine libanaise de 2013 à 2016 avait noté cette présence lors d’une inspection en 2016. Il aurait ainsi informé les responsables du port du stockage inadéquat de nitrate d’ammonium.

Pour l’heure, le New York Times indique qu’il aurait également communiqué immédiatement ses observations aux autorités américaines notamment à l’ambassade des Etats-Unis, au Département d’Etat ou au Pentagone.

Des sources diplomatiques probablement occidentales estiment, selon le quotidien, que les Etats-Unis auraient alors dû informer les autorités libanaises afin qu’elles puissent transférer le nitrate d’ammonium.

Le rapport de l’ambassade américaine au Liban exprime des doutes sérieux quant aux premières explications des autorités officielles libanaises quant à l’origine de l’incendie, notant l’hypothèse à ce que des munitions stockées dans le port aient pu créer la force nécessaire pour permettre l’explosion du nitrate d’ammonium.

La cause du feu de départ est pour l’heure, selon le rapport que s’est procuré le NY Times demeure inconnue, feux d’artifice, munitions ou quelque chose d’autre inconnu à l’heure actuelle.

La publication de ce rapport intervient alors que le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah a pour le moment démenti que des armes du mouvement chiite aient été présentes sur les lieu. De source diplomatique, on doute également que le Hezbollah puisse stocker du nitrate d’ammonium sans prendre les précautions d’usage.

Des diplomates américains à Beyrouth et les services de renseignement des Etats-Unis notent que si le Hezbollah contrôle l’aéroport et de nombreux points de passage frontaliers avec la Syrie, il n’utilise pas le port de Beyrouth. Quant aux autorités israéliennes, ils accusent le mouvement chiite d’avoir mis en place des lieux de stockages dans le port. Cependant, le journal indique que l’état hébreu ne possède pas de preuve concluante à ce sujet.

Quant à l’enquête, les autorités libanaises, estime le quotidien, chercheraient à bloquer la possibilité à ce qu’elle soit conduite par une commission internationale pour cacher de plus larges problèmes liés au fait que le port de Beyrouth était contrôlé non pas par le Hezbollah seulement mais par de multiples partis politiques. Il s’agirait de ne pas exploser l’étendu de leurs incompétences et de leurs corruptions. “Tous les partis ont une part dans le port et l’utilisent pour faire entrer ou sortir toute sorte de marchandises, armes, automobiles et cash”, note un analyste de la CIA.

**Source : Libnanews

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