- Par Samir Allam (revue de presse : TSA – 1/4/19)*
Bouteflika-Gaïd Salah : qui aura le dernier mot ?
Le « compromis » entre la présidence de la République et l’état-major de l’armée autour d’un départ anticipé du chef de l’État semble avoir fait long feu. Ce lundi, la situation est de nouveau tendue entre les deux parties, avec des échanges de menaces implicites via médias interposées.
Les choses se sont brusquement accélérées ce lundi matin, avec l’annonce par la justice d’une série d’enquêtes sur la corruption, avec des mesures d’interdiction de sortie du territoire à l’encontre de 12 hommes d’affaires, majoritairement considérés comme proches du cercle présidentiel.
Trois d’entre-eux, les frères Kouninef, font même partie du cercle rapproché de Said Bouteflika, frère du président. Selon la chaîne Echorouk, les enquêtes ont été ordonnées par l’Etat-major de l’armée.
Le communiqué qui change tout
La riposte du clan présidentiel n’a pas tardé. Elle est venue en deux étapes. La première est un communiqué de la présidence de la République diffusé à 17h. Il annonce que le président démissionnera “avant le 28 avril prochain”, date de la fin de son mandat électif. Mais, avant son départ, il entend prendre d’”importantes mesures pour assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l’État durant la période de transition”.
« La nomination du nouveau gouvernement en date du 31 mars 2019 par son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, sera suivie par d’importantes décisions qu’il prendra, conformément aux dispositions constitutionnelles, à l’effet de permettre d’assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l’État durant la période de transition qui s’ouvrira à la date à laquelle il décidera sa démission », a précisé la même source. Comprendre : Bouteflika compte utiliser ses prérogatives constitutionnelles jusqu’au bout.
Le communiqué de la présidence fait allusion à deux types de décisions « importantes ». La première concernerait la désignation d’un nouveau président du Conseil de la Nation, qui va remplacer le chef de l’État après sa démission. Abdelkader Bensalah est contesté par la rue et il ne fait pas partie des proches du président. Bouteflika pourrait le remplacer. Il donnerait ainsi l’illusion d’avoir répondu à une demande de la rue tout en nommant un de ses proches pour gérer la transition.
L’autre allusion contenue dans le communiqué concerne directement le général Ahmed Gaid Salah. Selon le communiqué de la présidence, Bouteflika peut encore exercer ses prérogatives constitutionnelles jusqu’à son départ. Or, parmi ces prérogatives figure justement le pouvoir de nommer un nouveau chef d’Etat-major.
Une option que semblait suggérer, en fin de journée, une source proche de la présidence sur Ennahar TV, qui évoque « des décisions importantes après l’ouverture d’enquêtes judiciaires (contre les hommes d’affaires) sans l’accord de la présidence ».
La riposte n’a pas tardé. Ce soir, les chaînes Echorouk et El Bilad annoncent que le communiqué de la présidence de la République a été rédigé par Said Bouteflika et non par le président lui-même. Le message est clair : toute décision émanant de la présidence dans les prochains jours sera contestée par l’Etat-major. L’escalade entre les deux parties devient dangereuse.
*Source : Tout Sur l’Algérie (TSA)
- Revue de presse : Amel TV (1/4/19)**
Panique dans la clan Gaïd Salah
Une grande panique s’est emparée du clan Gaïd Salah et le vieux chef d’Etat-major de l’ANP est en train de vivre les moments les plus délicats de sa vie. Et pour cause, la démission surprenante et inattendue d’Abdelaziz Bouteflika a placé Gaïd Salah dans une très mauvaise posture, comme l’explique Abdou Semmar sur le plateau de l’émission « l’Algérie de Demain » diffusée par Amel TV.
Le rédacteur en chef d’Algérie Part explique ainsi que la démission de Bouteflika qui devait être annoncée vers la troisième semaine du mois d’avril a été avancée pour piéger Gaïd Salah et le pousser ver l’erreur. Ce dernier, sous l’emprise de la tentation d’un Coup d’Etat, est désormais contraint de faire marche arrière car Bouteflika a promis de prendre des décisions importantes d’ici son départ le 28 avril prochain, date de l’expiration officielle de son mandat présidentiel. Et le communiqué de la Présidence est suffisamment clair à ce sujet : Abdelaziz Bouteflika dispose de tous les pouvoirs constitutionnels qui lui permettent de prendre des décisions importantes comme le remplacement du chef d’Etat-major de l’ANP ! En clair, les jours d’Ahmed Gaïd Salah sont comptés et Bouteflika « le prendra avec lui lorsqu’il partira du pouvoir » comme l’exige la rue.
Après avoir pris l’initiative d’appeler à la destitution de Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah perd aujourd’hui toute légitimité puisque le départ du Président de la République est officiellement acté. Excepté son rôle de veiller sur la sécurité du pays, Gaïd Salah ne peut plus jouer un rôle politique et il devra accepter de partir comme Bouteflika.
Or, les chaînes Echorouk et El Bilad, les deux relais médiatiques du clan Gaïd Salah ont d’ores et déjà dévoilé la future attitude de Gaïd Salah : il refusera de partir si la Présidence décide de le limoger ! Preuve en est, ses relais médiatiques ont expliqué que le communiqué de la présidence de la République a été rédigé par Said Bouteflika et non par le président lui-même. Toute décision émanant de la présidence dans les prochains jours sera donc contestée par l’Etat-major ?
**Source : Algérie Part