Par Gilles Munier/
Les conséquences d’une guerre avec l’Iran seraient « dix à quinze fois plus terribles que celle d’Irak en termes de victimes et de coût ». C’est ce qu’affirme le professeur Lawrence Wilkerson , colonel de réserve, dans un éditorial publié en libre opinion dans le New York Times du 5 février dernier.
Wilkerson est bien placé pour le savoir : il était chef d’état-major de Colin Powell auprès de l’Etat-major inter-armées, lorsque ce dernier était secrétaire d’Etat. Et, il se souvient fort bien de la prestation calamiteuse de son patron à la tribune des Nations unies : concentré de mensonges qui ont débouché sur la 2ème guerre du Golfe, l’occupation de l’Irak, des pertes humaines et matérielles catastrophiques, et la déstabilisation de l’ensemble du Proche-Orient.
Aujourd’hui, face au défi représenté par l’Iran, écrit-il, l’administration Trump joue devant l’opinion une comédie qui débouchera également sur un mauvais choix - comme l’a fait l’administration W. Bush - à savoir : la guerre.
Pour se faire, la CIA a diffusé en novembre dernier des documents « trouvés » dans la demeure d’Oussama Ben Laden au Pakistan, prouvant que l’Iran soutenait Al-Qaïda dans sa guerre contre les Etats-Unis.
En décembre dernier, en regardant Nikki Haley, ambassadrice US à l’ONU, présenter ses « preuves irréfutables » que le missile tiré du Yémen sur l’Arabie était d’origine iranienne, Wilkerson croyait revoir Colin Powell affirmant à l’ONU que l’Irak possédait des armes de destruction massive. Il aurait aimé pouvoir projeter derrière elle la vidéo de la prestation du secrétaire d’Etat afin que les Américains se souviennent que ce genre de démonstration conduit à la guerre.
Lawrence Wilkerson regrette d’avoir « vendu le mauvais choix » à l’opinion publique en 2003. Il est parmi les signataires du mémorandum adressé à Trump en janvier dernier, par d’anciens membres du renseignement étasunien, rappelant que l’Iran n’est pas « le principal parrain du terrorisme ».