Revue de presse : dedefensa.org (13/10/17)*
Trump a donc frappé à peu près comme il était annoncé qu’il ferait. Tout au plus a-t-il renoncé à faire sortir directement les USA du traité nucléaire JCPOA avec l’Iran. Il n’empêche 1) que les USA se réservent le droit de quitter ce traité à n’importe quel moment, puisqu’ils se jugent évidemment en droit de le faire directement et sans autre considération, – eux qui s’arrogent absolument tous les droits et même au-delà c’est bien connu ; et 2) que le Congrès dispose de 60 jours pour examiner le traité qui jusqu’ici était du domaine exclusif de l’exécutif, qu’il peut s’il le juge critiquable décider un rétablissement des sanctions qu’il avait accepté d’abandonner en 2015, ce qui signifierait de facto un retrait du traité par violation délibérée d’une de ses clauses. Nous parions beaucoup là-dessus, eu égard à la puissance de la stupidité et de l’inculture qui nourrissent le jugement des “élites” sur la question iranienne : que le Congrès fasse son devoir de machine irresponsable et corrompue et liquide en bonne et due forme le JCPOA, dans tous les cas du point de vue US.
(On peut consulter des textes qui à la fois analysent les fondements de la position de stupidité extrême et d’hypocrisie à mesure de la politique US, les arguments sans la moindre valeur de la décision prise, l’inculture qui préside à la démarche, etc. On citera celui de Paul R. Pillar sur ConsortiumNews le 13 octobre, celui de Adam Garrie sur TheConan.com le 13 octobre, celui de Publius Tacitus sur SicSemperTyrannis le 13 octobre.)
La réactivation de la crise iranienne est désormais en assez bonne voie, avec les possibles ou très-possibles conséquences catastrophiques qu’on peut deviner, et même espérer si l’on est partisan d’une politique de type “il faut crever l’abcès”. Cette réactivation, en ressuscitant des conditions de tension à l’intérieur de l’appareil politico-militaire US comme il y en eut en 2005-2008, serait en effet une occasion de conduire les USA, avec leur allégeance à la politiqueSystème, au terme de la folie barbare caractérisant cette politique.
En effet, la barbarie domine absolument la politique générale des USA qui ne répond à aucune raison, qui ne s’intéresse à aucune logique, qui ne s’embarrasse d’aucune morale politique, en aucune façon. De ce point de vue, Trump, qui a perdu en route tous les attraits du candidat à la rhétorique non interventionniste qu’il fut il y a un an, est le barbare accompli. Ce qu’il importe de noter est qu’il ne l’est pas du tout pour les raisons qu’avancent avec une vertueuse fureur Hollywood-Weinstein et les progressistes-sociétaux de monde entier qui suivent les mêmes emportements. Il l’est pour des raisons qui rejoignent les tendances d’entropisation que recèle la politiqueSystème suivie depuis l’attaque du 11 septembre 2001. La décision de Trump retrouve en effet parfaitement le simplisme et l’unilatéralisme expansionniste et incohérent de la politiqueSystème suivie à ciel ouvert et sans aucune dissimulation par GW Bush dès 9/11.
Les deux seules lignes claires de la “politique étrangère” de l’administration Trump sont donc deux vitupérations bellicistes et menaçantes, effectivement interprétées comme deux flèches qu’on ne cesse de menacer de tirer : la Corée du Nord et l’Iran. Des deux pourtant, l’Iran doit être distingué comme la plus fondamentale et la plus générique dans ce qui forme la “pensée politique” de Trump, et d’autre part la plus “attirante” pour les esprits belliqueux de “D.C.-la-folle”.
Pour ce qui concerne l’Iran en effet, il est évident que pèse de tout son poids dans l’esprit surchauffé du président une influence importante de milieux divers, notamment représentée par le Général Michael Flynn, le conseiller de sécurité nationale le plus proche de Trump depuis fin 2015 jusqu’à sa démission forcée du 13 février dernier. Flynn avait des opinions contrastées, et curieusement contrastées si l’on prend comme référence la possibilité d’une politique extérieur antiSystème (qui reviendrait à une politique anti-politiqueSystème) : arrangement avec les Russes en Syrie et en Europe, coopération avec la Russie, mais hostilité fondamentale à l’Iran.
Cette interrogation à propos de la cohabitation de politiques si antagonistes si l’on a à l’esprit les liens entre la Russie et l’Iran et les politiques de coopération entre les deux, a été abordée à plusieurs reprises, sans jamais qu’on puisse en dégager une explication satisfaisante sinon l’absence de connaissance et de culture des acteurs américanistes, en plus d’une psychologie exacerbée qui leur est commune. Par exemple, nous observions le 7 février 2017, alors que Flynn était encore directeur du NSC et conseiller pour la sécurité nationale du nouveau président :
« L’on sait que le Général Flynn a mis officiellement l’Iran “en garde” à la suite d’événements largement controversés dans le chef de l’interprétation qu’en donne l’administration Trump. Le président Trump lui-même semble estimer que l’Iran est “la mère de tous les terrorismes”, ce qui est une absurdité grossière lorsqu’on sait le rôle que tiennent les amis saoudiens, qataris, et la CIA elle-même, – cette CIA qui veut la peau de Trump, aux dernières nouvelles. L’hostilité de Trump à l’encontre de l’Iran constitue par ailleurs un problème de plus en plus sérieux à mesure que monte la tension, dans la mesure où la Russie annonce qu’elle soutient fermement l’Iran, notamment dans cette crise comme cela vient d’être dit par Lavrov et par le porte-parole de Poutine, mais aussi comme acteur important sinon essentiel, avec la Syrie, du verrouillage de la stabilité dans la région lorsque les entités terroristes seront suffisamment réduites pour permettre le départ de l’essentiel des forces russes, – et, suppose-t-on, puisque c’est le vœu du désengagement fait par Trump, des forces US et “alliés” également. »
Bloqué complètement du côté russe par les folies du Russiagate qui se poursuit à bonne vitesse de croisière, Trump a gardé de Flynn cette politique iranienne catastrophique qui rencontre le soutien israélien, celui du lobby juif AIPAC et des relais d’influence de l’Arabie Saoudite, de nombreux neocons tels que John Bolton, d’un Congrès figé dans sa tendance néoconservatrice, même de la presseSystème qui s’abstiendra pour cette fois de l’injurier. …(…)…
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