Par Paul Graig Roberts (revue de presse : B-I - ex-Balkans infos – juillet/août 2014- extrait)*
…(…)… Le 12 juin, 500 000 habitants de Mossoul, la seconde ville la plus importante d’Irak, bénéficiaires de la « libération démocratique » de Washington, se sont enfuis au moment où s’effondrait sous l’attaque d’Al-Qaïda l’armée entrainée par l’Amérique. Les villes de Tikrit et de Kirkouk sont aussi tombées. Craignant le même sort pour Bagdad, le gouvernement installé par Washington a réclamé des frappes aériennes sur les insurgés. Le président iranien Hassan Rouhani a démenti la nouvelle largement diffusée – Wall Street Journal, World Tribune, The Guardian, The Telegraph, CNBC, Daily Mail, Times of Israël, etc – selon laquelle l’Iran aurait envoyé des troupes pour aider le gouvernement irakien. Une fois de plus, les médias occidentaux ont créé une fausse réalité avec une fausse information.
Se souvient-on de la propagande de Washington prétendant renverser Saddam Hussein pour apporter aux Irakiens « la liberté, la démocratie et les droits des femmes » ? Nous devions vaincre Al-Qaïda (qui n’était pas présent en Irak) « là-bas avant qu’il ne vienne ici ». Se souvient-on des promesses des néocons d’une « guerre-gâteau » se terminant en quelques semaines, d’une guerre qui ne couterait que 70 milliards de $ pris sur les revenus du pétrole irakien ? Et du renvoi du conseiller économique de Bush pour avoir dit que la guerre coûterait 200 milliards ? Le vrai coût de la guerre a été calculé par Joseph Stiglitz et l’expert budgétaire de l’université de Harvard Linda Bilmes, qui ont démontré qu’en réalité elle coûtera aux contribuables 3 trillions, une dépense qui fragilisera l’ensemble de la protection sociale américaine.
Quelle est la situation aujourd’hui ?
Mossoul a été prise par des forces que Washington a déclaré maintes fois avoir détruites. Ces forces « défaites » ont pris possession de la seconde ville d’Irak et d’une partie importante de la province. Celui à qui Washington a confié l’Irak est à genoux suppliant qu’on l’aide par des frappes aériennes à faire face aux djihadistes que Bush a libérés dans le monde musulman.
Ce que Washington a fait en Irak et en Libye, et essaie de faire en Syrie, est détruire les gouvernements qui arrivaient à contrôler les djihadistes. On a ouvert la boîte à Pandore. Au moment où l’Irak tombe aux mains d’Al-Qaïda, on continue à fournir des armes lourdes aux forces d’Al-Qaïda qui attaquent la Syrie. Et c’est l’Iran diabolisé qui envisagerait d’envoyer des troupes défendre le régime installé par Washington à Bagdad. Peut-on imaginer pire bouffonnerie ?
La seule conclusion est que l’arrogance et l’hubris du gouvernement américain ont rendu Washington incapable de prendre une décision logique et rationnelle.
Photo: Paul Graig Roberts
*Paul Graig Roberts est un ancien secrétaire-adjoint au Trésor américain, ex-rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il est l’auteur de nombreux ouvrages.
Texte intégral paru sous le titre « Le mystère de l’agression de Saddam Hussein » (B-I/Juillet 2014)
Titre original : Washington’s Iraq “Victory” (14/6/14)
http://www.paulcraigroberts.org/2014/06/14/washingtons-iraq-victory-paul-craig-roberts/