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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


L'alliance stratégique israélo-américaine

Publié par Gilles Munier sur 4 Mai 2010, 10:38am

Catégories : #Israël

L’alliance stratégique

israélo-américaine

par Xavière Jardez

 

L’alliance stratégique est l’axe autour duquel s’est développée et se développe toujours  la politique américaine à l’égard d’Israël depuis des décennies, et qu’Obama, même si, personnellement, il y était opposé , ne pourrait ignorer.

 

D’autant moins que, lors de la prétendue crise entre Israël et les Etats-Unis sur la poursuite de l’extension des colonies dans Jérusalem-Est, plus des trois-quarts des Sénateurs dont 33 démocrates et 333 Représentants de la Chambre, principalement Républicains, ont signé une lettre adressée à Hillary Clinton lui demandant « de réaffirmer les liens intangibles qui unissent les Etats-Unis et Israël » car « Israël a été un allié et un ami consistant et sûr qui a aidé les Américains à promouvoir leurs intérêts. ». Sentiment d’ailleurs réaffirmé par Joe Biden au cours de sa dernière visite en Israël : « Des progrès sont faits au Moyen-Orient lorsque il n’y a simplement aucun espace entre les Etats-Unis et Israël ». Sans commentaire, sauf à citer les propos de Barack Obama dans Haaretz du 25.04.2010 : «… la relation spéciale entre les Etats-Unis et Israël nous oblige à les aider à trouver les partenaires crédibles avec lesquels ils pourront faire la paix tout en soutenant Israël à se défendre… ». Aussi déterminé que Bill Clinton, aussi  solide que George W. Bush et aussi amical que Rudolph Giuliani, ancien maire de New- York.

 

Quels sont ces intérêts qu’Israël a si ardemment protégés que la grande puissance américaine ne pouvait protéger elle-même et qui a donné carte blanche à l’Etat juif pour passer outre à toutes les résolutions du Conseil de sécurité, ayant reçu à 32 reprises le veto US, pour, dernièrement, rejeter d’une chiquenaude ses protestations sur la poursuite de la colonisation des territoires occupés, pour s’abstenir de participer à la réunion sur le Traité de Non Prolifération, qu’il avait à plusieurs reprises promis de signer, traité qui vient à renouvellement en juin prochain ?

 

Si la guerre de 2003  en Irak avait pour finalité le contrôle du pétrole irakien par les Etats-Unis, - et donc le renversement de Saddam Hussein -, il est un fait certain qu’Israël a beaucoup œuvré à leur ouvrir les champs pétrolifères du Kurdistan avec pour avantage collatéral la réouverture de l’oléoduc entre Kirkouk et Haifa, sur la Méditerranée, fermé depuis la création de l’Etat hébreu. Et ce, grâce à la collaboration intéressée du clan kurde de Barzani tout au long de ses affrontements avec les différents régimes irakiens, ce qui conduit, à l’heure actuelle, à une quasi partition de l’Irak.

 

Une aide financière

de plus de 114 milliards de dollars

Mais le jeu politique d’Israël a été considérablement plus important dès la guerre de Suez en 1956 qui a permis d’éliminer du Moyen-Orient la puissance en déclin qu’était la Grande –Bretagne au profit des Etats-Unis, promus champions de la paix. La guerre de juin 1967 a été le tournant de l’aide américaine à Israël : « Agissant pour le compte des Etats-UnisIsraël a aidé à contenir l’expansion de l’Union Soviétique dans la région et infligé d’humiliantes défaites aux clients de cette dernière, l’Egypte et la Syrie, et… a occasionnellement protégé d’autres alliés des Etats-Unis (comme la Jordanie du roi Hussein) Ses prouesses militaires ont obligé Moscou à dépenser plus pour soutenir les perdants de sa clientèle. Israël a aussi fourni aux Etats-Unis du renseignement utile sur les capacités soviétiques » (1).

 

Cette aide américaine directe que certaines estimations conservatrices évaluent à 114 milliards de dollars (données de 2008) depuis la création de cet Etat était, jusqu’à Obama, une aide militaire et financière. Elle n’est plus que militaire depuis, par incorporation des fonds réservés au secteur économique. Ce chiffre d’ailleurs n’est qu’approximatif car certaines aides sont enfouies dans les divers budgets des agences américaines, dont notamment celui du Département de la Défense ou du Trésor sous des formes variées, notamment en termes de garanties d’emprunt. Ce qui permet à Israël d’emprunter à des conditions spéciales et à des taux d’intérêt préférentiels. S’ajoute à cette manne, le Mémorandum of  Understanding (MOU) de 1975 signé par Kissinger et renouvelé tous les cinq ans qui prévoit que les Etats-Unis maintiendront une réserve stratégique de pétrole pour Israël en cas de crise d’une valeur de 3 milliards de dollars (2002) et ce, même au détriment de l’approvisionnement national. Notons qu’au cours de la guerre froide, les Etats-Unis finançaient l’écart de prix payé par Israël pour le pétrole qu’il importait d’Union soviétique.

 

Obama n’a pas coupé

le flot d’armes livrées à Israël

Israël a toute liberté pour dépenser 26,3% de cette aide à des opérations en tous genres sur son territoire -  extension de colonies par exemple - sans aucun contrôle, et développer une industrie militaire très sophistiquée. Israël est ainsi devenu un des principaux marchand et exportateur d’armes (le 9ème, selon le Congrès) et, en cas de nécessité, vers des pays interdits par le Congrès. On se souvient des remous de l’Irangate dans les années 1980, sous Reagan, quand Israël avait, en pleine guerre Iran-Irak, fourni des armes américaines à Khomeiny en totale violation de son accord de non-réexportation qui ne fut absolument pas sanctionnée par le gouvernement US.

 

Cependant, les Etats-Unis trouvent dans cette architecture un bénéfice indéniable car Israël est contraint d’investir 75% des fonds ainsi alloués à produire, sur le sol américain, des composants militaires afin de maintenir l’emploi dans l’industrie de l’armement américain.

 

Lors du budget 2010, Obama et le Congrès ont approuvé des fonds additionnels, 25% de plus par rapport à l’administration Bush, - une enveloppe de 30 milliards de dollars sur 10 ans depuis 2007 - pour les industries de défense de l’Etat juif notamment, pour le développement de technologies dans le domaine des missiles de défense : le projet Arrow 2 déjà utilisé par l’aviation israélienne et le projet Arrow 3, système d’interception de missiles balistiques du système de défense Iranair, en cours de production, sont le fruit de la coopération de Boeing avec l’IAI (Industrie aéronautique israélienne), financé par les Etats-Unis à hauteur de 80%.

 

Devant cette prodigalité américaine, des stocks d’armes à libre disposition d’Israël, l’accès à des renseignements, refusés aux alliés de l’Otan, ou à de la haute technologie, on est surpris de « l’apathie affichée » des gouvernements US face à la politique d’apartheid d’Israël en Palestine et à son occupation illégale de la Cisjordanie, de Jérusalem Est depuis plus de 42 ans et au  boycott de Gaza. Et pourtant, le Arms Export Control Act (la loi sur le Contrôle de l’Exportation des Armes) de  1976 passé par le Congrès prévoit que les armes américaines ne doivent servir qu’à des fins de sécurité intérieure ou de légitime défense et ne peuvent conduire à la fabrication d’armes de destruction massive ou au terrorisme!! Bombes à fragmentation, F-16 ou missiles ont servi à tuer des civils ou à assassiner à l’intérieur des frontières de la Palestine ou de Gaza des leaders des mouvements de libération, Cheikh Salah Shahada ou Cheikh Yassine, etc… Obama n’est pas en reste qui n’a pas coupé le flot d’armes en direction d’Israël même après le rapport d’Amnesty International sur les crimes de guerre de ce pays lors de l’agression contre la bande de Gaza en 2007-2008.

 

150 têtes nucléaires

Fermer les yeux semble être le moteur de cette alliance stratégique pour laisser à Israël le champ libre en matière nucléaire afin de préserver l’hégémonie israélienne en ce domaine au Moyen-Orient  ou le droit de les utiliser en premier. D’où le bombardement du réacteur Osirak en Irak en 1982.

 

C’est ainsi qu’au cours d’une conférence de presse, en février 2008, Obama, à une question sur l’existence au Moyen-Orient d’un pays nucléarisé, avait évité de répondre alors que l’ancien Président Jimmy Carter avait confirmé, le 25 mai 2008, qu’Israël détenait 150 têtes nucléaires. Le stock doit certainement inclure des têtes pour les missiles Jéricho 1 et 2 ainsi que des bombes pour l’aviation et d’autres armes tactiques nucléaires. Tous les documents américains sont encore classés top-secrets alors que  cette qualification d’Etat nucléaire n’est plus qu’un secret de polichinelle.

 

Kissinger était le fervent partisan et défenseur de la détention par Israël d’armes nucléaires dès 1969. Les Américains avaient, en 1958, opéré des vols de reconnaissance sur Dimona et savaient ce qui s’y tramait. La visite de la CIA de Dimona, à la veille de la guerre dite des Six Jours, en 1967, confirmait qu’il ne fallait que six semaines à Israël pour assembler une bombe. Mais, ce rapport présenté par le Directeur de la CIA, Richard Helms, fut tenu secret par le Président Johnson pour permettre la signature du Traité de Non-Prolifération en juillet 1968 par 65 nations, et plus dans les deux années qui suivirent. Or, Israël n’a pas signé le Traité de Non-Prolifération et pour cause. « (Il) n’est plus un problème de prolifération ; il est déjà proliféré » avant même le Traité, concluait Seymour Hersh dans son livre « L’Option Samson ».

 

L’idée selon laquelle Israël ne recourrait pas à l’option nucléaire en cas de conflit est balayée par la réalité : en 1967, Eshkol, Premier ministre, avait ordonné à l’armée israélienne d’armer les deux bombes disponibles et en 1973, craignant la défaite, les Israéliens avaient assemblé treize bombes atomiques de 20 kilotonnes.

 

Non seulement rien en n’a été fait pour interrompre le programme nucléaire israélien, mais l’ambassadeur US en Israël de 1961 à 1973, Walford Barbour  pensait que sa mission était de protéger le Président des Etats-Unis de constatations qui l’obligeraient à agir sur cette question du programme nucléaire d’Israël. « Il ne veut pas qu’on lui apprenne de mauvaises nouvelles ». Et pourtant, des moyens existaient en la forme de l’Amendement Symongton de 1976 : cet amendement interdit de fournir toute  aide militaire et financière à un pays dont il est prouvé qu’il s’équipe en technologies ou équipements pour l’enrichissement de l’uranium en dehors d’un cadre international. La loi permet, cependant, au Président de passer outre à cette interdiction s’il estime que l’arrêt de ces aides mettrait en danger la sécurité nationale des Etats-Unis. C’est ainsi que le Pakistan, avait, par deux fois, essuyé des sanctions de la part des Etats-Unis pour ne pas avoir respecté ces obligations et lancé son programme nucléaire.

 

Ceci exposé, on est en droit de s’interroger sur l’absence de réactions des gouvernements US face aux continuelles violations du droit américain et du droit international par Israël, indépendamment de l’existence du puissant lobby pro-israélien, AIPAC, aux Etats-Unis. Faut-il chercher ailleurs, dans d’autres champs, l’origine de la puissance d’Israël sur l’establishment US ?

 

On ne peut alors que protester avec  véhémence des « accusations » portées contre  à la Syrie de vouloir fournir des missiles au Hezbollah pour sa défense et celle du Liban, quand Israël ploie sous le poids des armes et de la technologie américaines mises à sa portée.

 

(1) Le lobby israélien et la politique étrangère américaine, par J. J. Mearsheimer et S. M. Walt, mars 2006. 

http://www.huffingtonpost.com/josh-ruebner

 

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