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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Un échec du lobby pro-israélien aux Etats-Unis

Publié par Gilles Munier sur 23 Janvier 2023, 10:57am

Catégories : #AIPAC, #sionisme

 

Kenneth Roth, l’ancien directeur de Human Rights Watch, à New York en avril dernier

1 - Harvard écarte l’iconique défenseur des droits humains, jugé trop critique d’Israël

Le très respecté Kenneth Roth, patron pendant 29 ans de l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch, s’est vu refuser un poste dans la prestigieuse université américaine. Pas question d’effaroucher les riches donateurs pro-israéliens.

Par Patrick Angevin (revue de presse : Ouest-France - 13/1/23)*

Sur le papier, sur son CV, il était le candidat parfait. Qui mieux que Kenneth Roth pour occuper un poste de chercheur principal au Centre Carr sur les droits humains de la Kennedy School, l’école d’administration publique de la prestigieuse université Harvard, aux États-Unis ?

Directeur pendant 29 ans de Human Rights Watch, l’ONG internationale de défense des droits humains dont il a fait l’égale d’Amnesty International, Kenneth Roth, 67 ans, est un pro reconnu dans le monde entier. Il pouvait mettre à disposition un impressionnant réseau. Ce ne sera pas le cas.

«Partialité anti-Israël»

Le centre Carr avait d’ailleurs approché Roth, après l’annonce en mai de son départ de HRW. Mais, à l’issue d’un entretien cet été, le doyen de la Kennedy School, Douglas Elmendorf, y a finalement mis son veto. Motif ? Une trop grande partialité anti-Israël, vient de révéler à The Nation Kathryn Sikkink, enseignante associée au Carr Center, qui l’a appris de la bouche d’Elmendorf.

L’information a été confirmée dans une tribune du Guardian le 10 janvier par Kenneth Roth en personne, lui qui avait préféré passer à autre chose et a décroché un poste dans une autre université américaine.

Au cœur de l’affaire, on trouve l’influence des riches donateurs sans lesquels aucune université américaine ne fonctionne. Or, beaucoup de donateurs importants de la Kennedy School sont des partisans inconditionnels de l’État d’Israël… régulièrement épinglé dans les rapports de HRW.

Roth est juif

L’année 2021 a même marqué un tournant. Études à l’appui, plusieurs ONG, dont HRW, ont qualifié le système de contrôle des populations palestiniennes d’apartheid, en référence au système de ségrégation théorisé par le pouvoir blanc en Afrique du Sud jusqu’en 1994 [le rapport est ici, en Anglais]. Une accusation insupportable pour les autorités israéliennes et leurs partisans pour qui elle relève de l’antisémitisme, assumé ou dissimulé. Sauf que le procès difficile à faire à Kenneth Roth. Il est juif et descend d’une famille de Francfort qui a fui le nazisme dans les années 1930.

L’affaire fait du bruit dans les milieux universitaires américains. Harvard qui se serait bien passé de cette publicité a fait savoir qu’elle ne commentait pas les décisions concernant des personnes, prises dans le respect de ses procédures internes.

*Source : Ouest-France

Le bruit occasionné par l’éviction de Kenneth Roth ayant été jugé contre-productif pour la réputation de Harvard dans le monde, et pour la cause pro-israélienne aux Etats-Unis, son doyen a été contraint de faire machine arrière…

 

2 - Kenneth Roth : une gifle pour les sionistes

Revue de presse : CAPJO / EuroPalestine (revue de presse – 20/1/23)**

Le doyen de la Harvard Kennedy School, Douglas Elmendorf, a fait marche arrière jeudi et a accordé une bourse à l’ancien directeur de Human Rights Watch, Kenneth Roth, plus de six mois après la lui avoir retirée en raison de ses critiques sur la violation des droits des Palestiniens par Israël.

Le doyen de la faculté de sciences politiques de Harvard, à Cambridge, dans le Massachussets, a reconnu que c’est le tollé public déclenché par sa décision, qui l’a fait revenir sur cette dernière. Les protestations ont visé l’absence de liberté académique, l’influence des donateurs sur les choix de l’université et la censure spécifique de la critique d’Israël.

La controverse a éclaté lorsque The Nation a publié un long article révélant que l’été dernier, le doyen de l’école, Douglas Elmendorf, avait opposé son veto à une proposition du Carr Center for Human Rights Policy de l’école d’offrir une bourse d’un an à Kenneth Roth, le directeur exécutif récemment retraité de Human Rights Watch.

À l’époque, Elmendorf avait déclaré à ses collègues qu’il était préoccupé par les perceptions selon lesquelles Human Rights Watch avait un parti pris contre Israël. Cette annonce a suscité de vives réprimandes de la part d’éminents groupes d’expression libre, une lettre signée par plus de 1 000 étudiants, professeurs et anciens élèves de Harvard critiquant ce qu’elle a appelé «une décision honteuse de mettre Kenneth Roth sur liste noire», ainsi que des plaintes privées de professeurs.

Dans un e-mail adressé jeudi à la communauté de l’école Kennedy, une confédération de 12 centres et l’une des principales écoles de politique publique des USA, Elmendorf a déclaré que sa décision avait été une « erreur » et que l’école lancerait une invitation à Roth.

Roth, joint par téléphone après l’annonce de l’annulation, s’est dit satisfait de la décision, qu’il a attribuée à l’inquiétude « écrasante » de la faculté, et a fait savoir qu’il utiliserait la bourse pour travailler sur un livre sur ses décennies de défense des droits de l’homme. Mais il a également appelé à plus de transparence, rapporte Middle East Eye.

Dans des entretiens (et sur Twitter), Roth, un Juif dont le père a fui l’Allemagne nazie lorsqu’il était enfant, a déclaré que la décision initiale d’Elmendorf reflétait l’influence de ceux qui cherchent à délégitimer Human Rights Watch, qui a surveillé les abus dans plus de 100 pays, en tant qu’observateur impartial sur Israël. « Il semble clairement que c’est l’influence des donateurs qui sape l’indépendance intellectuelle », a-t-il déclaré dans une interview au New York Times la semaine dernière.

L’année dernière, l’Université de Washington a rendu un cadeau de 5 millions de dollars, après qu’un donateur de son programme d’études israéliennes ait exprimé son mécontentement face à un professeur qui s’était joint à d’autres universitaires israéliens et juifs en signant une lettre ouverte critiquant la conduite du gouvernement israélien envers les Palestiniens des territoires palestiniens. Le donateur, selon l’université, avait demandé que l’accord de don soit modifié pour interdire aux universitaires soutenus par le don de faire des déclarations « considérées comme hostiles à Israël ».

En 2019, Israël a expulsé le directeur du groupe pour Israël et la Palestine Omar Shakir, en vertu d’une loi israélienne interdisant l’entrée (y compris en Palestine NDLR) des étrangers qui soutiennent un boycott d’Israël ou de ses territoires.

Avec son rapport de 2021, intitulé « Un seuil franchi », Human Rights Watch est devenu le premier grand groupe international de défense des droits humains à appliquer le terme « apartheid » à la conduite israélienne. Six mois plus tard, Amnesty International lui a emboîté le pas dans son propre rapport.

Sarah Leah Whitson, ancienne directrice du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à Human Rights Watch, a déclaré que la désignation « apartheid » était intervenue après un débat interne « douloureux ». « Nous avons dû travailler pendant des années pour instaurer la confiance parmi les hauts dirigeants de l’organisation », a déclaré Whitson, aujourd’hui directeur exécutif de Democracy in the Arab World Now, ou DAWN. Il y avait une crainte « que si vous franchissez ces lignes rouges, ils essaieront de vous décapiter en tant que groupe de défense efficace ».

Roth a souligné que le but de ce rapport n’était pas d’assimiler Israël à l’ancien régime raciste d’Afrique du Sud, mais d’appliquer des définitions juridiques et de traduire une réalité, le « processus de paix étant mort».

**Source: Middle East Eye, via EuroPalestine (CAPJO)

Sur le même sujet, lire aussi :

Revue de presse sur le rapport d’Human Rights Watch sur l’apartheid israélien

L’Université de Harvard se rallie à la campagne BDS !

 

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