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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Pourquoi Israël ne peut vaincre ni à Gaza, ni au Yémen

Publié par Gilles Munier sur 8 Mai 2025, 07:29am

Catégories : #Gaza, #Liban, #Yémen, #Israel, #Netanyahou

Par Robert Inlakesh pour Al Mayadeen English (7 mai 2025)*

La stratégie de l'entité sioniste dans la bande de Gaza et au Yémen est quasi identique : frapper et assassiner des civils, et infliger une famine massive. Bien que les explosions causées par les bombes fournies par les États-Unis leur procurent une illusion de supériorité, elles montrent en réalité que les Israéliens sont désemparés et incapables de trouver une issue à leur guerre.

En 19 mois, le régime israélien a mené une guerre totale contre le peuple de Gaza, détruisant la majeure partie des infrastructures civiles du territoire et, depuis mars, il applique une politique destinée à affamer. Malgré leur intention très clairement exprimée de commettre un génocide, sentiment partagé par l'ensemble de la population coloniale, du Premier ministre aux soldats, c'est loin d'être suffisant pour leur permettre de crier “victoire” sur Gaza.

Au début des hostilités, les conditions de ce que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qualifie de “victoire totale” ont été clairement énoncées : le retour des prisonniers israéliens par la force et la destruction du Hamas. Non seulement le régime sioniste a été incapable de mener à bien ces missions, mais il n'a même pas réussi à vaincre les petites factions armées palestiniennes qui opèrent dans tout le territoire assiégé.

Lorsque l'agression a commencé, le monde a été informé que les munitions antibunker israéliennes détruiraient les infrastructures souterraines de Gaza, et des informations ont même été rapportées concernant le gazage des tunnels. L'ancien PDG de Blackwater, Eric Prince, a également fourni aux sionistes de quoi inonder les tunnels avec de l'eau de mer. Pourtant, les tunnels sont toujours là, et les Israéliens ne savent même pas combien il y en a réellement, car les combattants sont toujours en mesure d'en sortir au nord de Beit Hanoun pour mener des embuscades et infliger de lourdes pertes.

On nous a également fait croire régulièrement pendant l'ensemble des opérations militaires d'Israël que Tel Aviv préparait un plan global de purification ethnique de Gaza. Puis, après plusieurs invasions, toutes ratées, des zones urbanisées de l'ensemble du territoire, et alors que chaque nouvelle offensive échouait à atteindre un quelconque objectif hormis le massacre de civils, on nous a fait peur avec le “plan des généraux”, censé prendre le contrôle total du nord de Gaza et à l'“annexer”. Les colons extrémistes israéliens, sautant de joie, ont même commencé à se projeter sur les terres qu'ils allaient voler.

Chaque nouveau “plan”, et chaque nouvelle menace se sont soldés par des échecs. Les soldats israéliens, perdant confiance en leur mission, se sont mis à refuser de répondre à l'appel, chaque nouvelle invasion faisant des milliers de victimes et entraînant la perte d'un grand nombre de chars et de véhicules blindés.

Aujourd'hui, on nous demande une fois de plus de croire que l'armée israélienne dispose d'une stratégie terrestre révolutionnaire pour occuper entièrement Gaza, tandis que d'autres continuent d’affirmer que le plan consiste à procéder à un nettoyage ethnique du territoire et à éliminer le Hamas. Certains responsables israéliens ont même qualifié la nouvelle “phase 2” du plan d'“option nucléaire”, sous-entendant qu'elle serait si dévastatrice qu'elle ferait peut-être cent mille morts.

Malgré la campagne terroriste menée par le régime israélien et ses médias, y compris ses agents infiltrés dans les médias arabophones, personne n'est en mesure d'expliquer clairement quels seront les objectifs précis et les méthodes utilisées sur le terrain. Pourquoi ? Parce que l'armée israélienne ne dispose pas des effectifs au sol suffisants pour mener une telle opération, surtout si elle entend déployer suffisamment de soldats dans le nord de la Palestine occupée et en Cisjordanie, où ils seraient appelés à faire face à une recrudescence des combats.

Les soldats israéliens n'ont pas mené de véritable guerre : ils sont restés dans des zones retranchées, à bord de véhicules blindés et de chars, et n'ont que très rarement affronté les combattants de la Résistance palestinienne. Ils ont tout misé sur leur armée de l'air et leur technologie de pointe, et ont fini par massacrer les civils comme des lapins dans un enclos, sans qu'aucune vidéo témoignant de leur “bravoure” n'ait jamais été diffusée.

Pourquoi l'armée israélienne n'a-t-elle pas combattu ? Parce qu'elle est tétanisée et incompétente. Leur armée n'est qu'une milice glorifiée qui distribue des galons comme des trophées participatifs. En 2014, après avoir envahi Shujaiyah, ils ont appris à leurs dépens ce qui se produit lorsqu'ils tentent de se battre. Depuis octobre 2023, ils ont été incapables de contrôler les zones urbaines de Gaza.

Côté palestinien, les combattants se sont principalement contentés de mener des opérations d'embuscade, soit la meilleure tactique pour préserver leurs forces et continuer à se battre sur le long terme. Mais il ressort clairement, et pas du côté israélien : les Palestiniens se livrent un flux constant de frappes militaires audacieuses qui poussent l'ennemi à se battre.

Pendant ce temps, des soldats israéliens publient des vidéos d'eux-mêmes vêtus de lingerie féminine, de robes de mariée et de sous-vêtements volés, saccageant des magasins, déféquant sur le sol des maisons, allant même jusqu'à faire exploser des habitations civiles pour le plaisir, notamment en faisant sauter un immeuble pour fêter l'annonce du sexe d'un nouveau-né.

Leur société a dégénéré au point de pouvoir justifier et même souvent de célébrer le démembrement d'enfants palestiniens. On y débat publiquement pour savoir si les soldats peuvent violer collectivement des Palestiniens kidnappés et détenus sans inculpation. Ses colons, racistes jusqu'à la moelle, nourrissent une haine qui s'intensifie au fur et à mesure que la guerre se prolonge sans aucun signe de victoire.

Ce régime est loin d'être en position de force, c'est plutôt une entité qui tente de redéfinir sa nature profonde, divisée sur le plan interne, économiquement exsangue, isolée sur le plan international et soumise à d'innombrables pressions juridiques internationales. Mais surtout, cet État est incapable de remporter la moindre victoire. Ce qui l'amène à intensifier périodiquement ses massacres et ses campagnes de bombardements, en partie pour se convaincre que sa position n'est pas désespérée.

Pendant ce temps, la résistance palestinienne sous toutes ses formes, des combattants aux écrivains, poètes et artistes, continue de camper sur ses positions. L'armée israélienne n'a pas vaincu militairement les groupes armés à Gaza et n'a aucune stratégie claire pour y parvenir.

Aujourd'hui, le Yémen a annoncé l'imposition d'un blocus aérien contre le régime sioniste, qui a riposté en bombardant les infrastructures portuaires de Hodeidah, des cimenteries et l'aéroport international de Sanaa.

Sa stratégie au Yémen est la même qu'à Gaza : interrompre l'acheminement de l'aide humanitaire et des importations alimentaires tout en assassinant des civils et en détruisant les infrastructures afin d'infliger un châtiment collectif. Les Israéliens, qui ne sont visiblement pas capables de frapper la moindre cible militaire, s'en prennent donc aux civils. Preuve qu'ils n'ont plus aucune carte à jouer, ils se livrent à ce que tout criminel ferait : assassiner des innocents sans défense ne participant en rien au conflit.

À Gaza, cette “phase 2” de l'opération sera très probablement du même acabit : des invasions sans prise de risque, soutenues par de terribles bombardements aériens, terrestres et navals contre des civils. Si, contre toute attente, l'armée israélienne décidait cette fois-ci de se battre réellement, elle subirait des pertes si considérables, qu'une telle initiative n’est pas envisageable. Même au summum de leur puissance, ils en étaient déjà incapables.

D'aucuns rétorqueront en évoquant les attaques israéliennes contre le Liban et l'effondrement du gouvernement syrien, rejetant avec dérision l'idée que le régime sioniste serait en position de faiblesse. La réponse est évidente.

Premièrement, le conflit en Syrie. Certes, une voie d'approvisionnement en armes a été neutralisée, mais l'ancienne direction syrienne n'a jamais pris part activement à cette guerre. Aujourd'hui, avec la chute de Bachar al-Assad, les Israéliens ont ouvert le front syrien. Bien que l'on ne puisse guère parler d'une opposition organisée active et que les dirigeants sous Ahmed al-Shara'a cherchent à normaliser la situation, les sionistes ne sont pas intéressés par cette normalisation : ils veulent plus de territoire, et voient là une opportunité historique.

Les armes continuent de transiter par la Syrie, mais à un rythme moins soutenu qu'auparavant, c'est une évidence, et les activités de la Résistance ont été réprimées par les dirigeants syriens pro-occidentaux, profitant de la mise sur la touche de l'Iran. Mais les analystes omettent de prendre en compte la précarité et l'instabilité du régime syrien, loin d’être encore un véritable État, où tout peut arriver, et le risque d'un retour de flamme est élevé, compte tenu de l'arrogance des sionistes. Cela étant, la chute de l'ancien gouvernement a indéniablement œuvré en faveur des Israéliens dans l'immédiat, mais sans aucun mérite militaire de leur part.

Concernant le Liban, ceux qui affirment que le Hezbollah a été vaincu se bercent d'illusions. Si Netanyahu et ses soutiens occidentaux s’acharnent à le prétendre, leurs chefs militaires et leurs services du renseignement ne sont pas stupides. Si le Hezbollah était anéanti, pourquoi les sionistes n'ont-ils pas réussi à s'emparer du sud du Liban et ont-ils fini par accepter ce soi-disant cessez-le-feu ?

De plus, quand on pense aux quantités de drones et de munitions antichars utilisés, il est clair que l'arsenal du groupe est loin d'être épuisé. Ils ont combattu pendant plus d'un an, tirant des dizaines de milliers de munitions sur les Israéliens. La vérité est qu’en assassinant les hauts dirigeants du Hezbollah et en piégeant les beepers, le régime sioniste a déjà épuisé ses atouts.

Les Israéliens ont remporté une série de victoires tactiques, mais leur défaite opérationnelle au Liban est indéniable. Ces victoires tactiques ont certes été importantes, personne ne le nie, et c'est précisément ce qui explique que tant de gens à travers l'Asie occidentale se sentent vaincus sur le plan émotionnel. La question est maintenant de savoir qui remportera la victoire stratégique.

S'il commet une seule erreur, tout le château de cartes s'écroulera sur l'entité sioniste. Voilà pourquoi ils continuent à bombarder et à attiser les tensions sans s'engager pleinement sur aucun front. Pour comprendre leur dilemme, il faut lire entre les lignes, et ne surtout pas se laisser piéger par leur propagande.

Rappelons que du côté de la résistance et de ses soutiens dans l'opinion publique, beaucoup ont pensé que la victoire serait tout autre. On a presque cru que la faiblesse de l'entité sioniste allait se traduire par son effondrement soudain, ce qui ne sera pas le cas. Les médias du régime sioniste sont constitués d'anciens soldats et souvent d'anciens agents des services du renseignement, et lorsqu'ils publient des critiques à l'égard de leur propre armée et de leur régime, c'est avec le double objectif de ne pas nuire à la sécurité.

Il faut bien comprendre qu'aucun des deux camps n'est en train de “gagner” dans ce conflit multifrontal. C'est une lutte à mort entre deux camps, qui ne tomberont pas sans avoir porté un coup fatal à l'adversaire.

*Source : Al-Mayadeen

Traduit par Spirit of Free Speech

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