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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Abbas et ses acolytes escomptent revenir à Gaza dans les fourgons de l’armée d’occupation

Publié par Gilles Munier sur 18 Mars 2024, 19:21pm

Catégories : #Gaza, #Cisjordanie, #Hamas, #Fatah

12 mars 2017, Ramallah - On peut voir les forces de police de l'Autorité palestinienne, véritables supplétives de l'occupant israélien, arrêter violemment un Palestinien - Photo: Issam Rimawi

Par Abdel Bari Atwan (revue de presse : Chronique de Palestine – 17 mars 2024)*

Les plans des États-Unis et d’Israël pour imposer un régime fantoche aux Palestiniens sont voués à l’échec.

Depuis quelques jours, on assiste à un nouveau déluge d’informations dans les médias sur les plans concoctés pour la bande de Gaza de l’après-guerre.

Plusieurs idées ont été lancées sur la manière dont la région pourrait être administrée après l’éradication supposée du Hamas et de toute autre résistance palestinienne, y compris le rafistolage et la remise sur pied de l’Autorité palestinienne (AP) basée à Ramallah.

L’idée de monter de toutes pièces une administration composée de chefs de clans et de dignitaires locaux a d’abord été avancée, tout en mettant de côté le point de passage de Rafah et en coupant Gaza de l’Égypte par la construction d’un embarcadère temporaire dont la fonction serait d’acheminer de l’aide par voie maritime depuis Chypre.

Ce ballon d’essai a été rapidement descendu en flammes, tant au niveau officiel que populaire.

Puis est venue l’idée de nommer Majed Faraj, chef des services de renseignement de l’Autorité palestinienne, pour remplacer le Hamas – Yahya Sinwar et ses adjoints – afin de gérer une nouvelle bande de Gaza dépourvue d’armements et en même temps de dignité nationale, à l’image du rôle de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.

Le ministre israélien de la guerre, Yoav Gallant, était très enthousiaste à l’idée que Faraj fasse le sale boulot, à la tête d’une nouvelle administration qui n’inclurait personne ayant un quelconque lien avec le Hamas. Il en va de même pour le chef de l’opposition Yair Lapid, qui a fait l’éloge des antécédents de Faraj en matière de collaboration avec les forces de répression israéliennes, qui ont fait leurs preuves.

Un plan américain à trois têtes pour réformer l’AP prend rapidement forme : Hussein al-Sheikh comme chef politique, Majed Faraj comme chef de la sécurité et de l’armée, et Muhammad Mustafa – après qu’Abbas a limogé Muhammad Shtayyeh comme premier ministre pour faire place aux « nouveaux sauveurs » – comme chef de l’administration.

Ces trois chefs ont trois choses en commun :

  • ils sont approuvés par les États-Unis
  • ils rejettent totalement le principe de la résistance armée et sont particulièrement hostiles au Hamas
  • ils adhèrent aux accords d’Oslo et à la coopération politique, militaire et sécuritaire avec la puissance occupante et la plupart des gouvernements arabes – du Golfe à la Jordanie, en passant par l’Égypte et le Maroc – qui ont normalisé leurs relations avec elle au nom de la « modération, de la stabilité régionale et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme ».

Plusieurs points peuvent être relevés pour évaluer les perspectives de succès ou d’échec de ce plan américano-israélien.

  • Premièrement, il repose sur une hypothèse erronée et irréfléchie concernant la défaite de l’Axe de la Résistance et de ses composantes, en particulier en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
    Le « gouvernement » de la bande de Gaza, dirigé par le Hamas, reste fort et puissant. Cinq mois après le début de la guerre génocidaire d’Israël et malgré les nombreuses informations faisant état de sa disparition, il garde la main sur le terrain et continue de distribuer l’aide et de réguler les prix sur les marchés.
  • Deuxièmement, cette nouvelle configuration offrira un grand cadeau à la résistance et au peuple palestinien qui la soutient – en particulier en Cisjordanie qui bouillonne ces jours-ci – en accélérant l’effondrement de l’ancien mouvement Fatah et son remplacement par un nouveau Fatah basé sur la base, qui veut revenir à ses racines révolutionnaires et se débarrasser de l’héritage désastreux et des erreurs des Accords d’Oslo.
  • Troisièmement, il sera extrêmement difficile de vendre cette structure et ses trois têtes au peuple palestinien – que ce soit en Cisjordanie, à Gaza, dans la bande de Gaza ou dans la diaspora – même si elle obtient le consentement de certains chefs locaux, chefs de clans, membres de la classe d’affaires et collaborateurs.
  • Quatrièmement, l’étonnante offensive du déluge d’al-Aqsa, qui a permis de vaincre l’occupation sur les fronts de l’armée, du renseignement, de la politique et des médias, a balayé tout ce qui l’avait précédé, y compris l’Autorité palestinienne et son appareil politique et de sécurité corrompu. Elle a ouvert la voie à un changement radical, non seulement en Palestine occupée, mais aussi dans tout l’arrière-pays arabe.
  • Cinquièmement, la direction de la résistance en Cisjordanie et à Gaza, représentée par Yahya Sinwar et ses collègues, a gagné un soutien massif parmi les Palestiniens et les peuples arabes et islamiques. Elle ne peut pas être simplement balayée et remplacée par une direction soutenue par les États-Unis, Israël et certains gouvernements qui ont participé directement ou indirectement à la guerre d’extermination menée contre Gaza.

À la lumière des expériences précédentes et des développements survenus à l’intérieur et au-delà de la Palestine occupée au cours des cinq derniers mois, on peut affirmer sans risque que tous ces projets sont voués à l’échec.

Toute tentative de les mettre en œuvre se retournera en faveur la nouvelle culture de résistance qui s’est installée, sans être entravée par l’influence des gouvernements arabes soumis aux diktats américains et à l’intimidation israélienne.

Le peuple palestinien qui a engendré cette résistance n’acceptera pas cette triade imposée par les Américains. Majed Faraj ne deviendra jamais gouverneur de Gaza. Les Palestiniens seront gouvernés par ceux qu’ils auront choisis, qui défendent leurs droits et leur dignité, et non par des personnes nommées par leurs occupants et leurs ennemis.

Lire la suite sur Chronique de Palestine : La branche militaire du Fatah dénonce les fausses allégations publiées par l’Autorité de Ramallah

Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

*Source et Traduction : Chronique de Palestine

Version originale: 13 mars 2024 – Raï al-Yaoum

Articles de Abdel Bari Atwan sur « France-Irak Actualité » : ICI

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