La guerre à Gaza a pratiquement étranglé les télécommunications au point, parfois de les paralyser complètement. Conséquence, les réseaux sociaux ont été pratiquement bastillonnés. Mais la nécessité étant mère d’invention, les habitants de Gaza ont trouvé des combines malgré les tentatives israéliennes de couper le territoire du monde, même aux pires moments.
Par Alexandre Buccianti (RFI-Moyen-Orient – 27 novembre 2023)*
Il y avait ceux qui possédaient téléphone satellitaire Thuraya, des privilégiés qui pouvaient payer mille euros le téléphone et près de cinq euros la minute. Les chaînes de télévision arabes, qui ont plusieurs envoyés spéciaux chacune, ont, elles, des valises satellites qui leur permettent de transmettre son et images. Mais au plus fort de l’offensive, Israël a procédé à un brouillage qui diminuait énormément la bande de transmission satellitaire qui était souvent réduite à la seule transmission de messages.
Quant à l’option de communication satellitaire « Starlink pour Gaza » annoncée par Elon Musk, elle a été étouffée dans l’œuf. Le milliardaire s’est vu obligé d’obtenir le feu vert préalable de Washington et Tel Aviv pour chaque client. Musk est maintenant en Israël pour chercher à se disculper des accusations d’antisémitisme.
Des panneaux solaires en secours
Pour ceux qui vivaient à l’extrême Sud de Gaza, près de la frontière égyptienne, il y avait l’option de la puce des opérateurs égyptiens. L’opérateur Vodafone a même augmenté la puissance de ses antennes et multiplié les répétiteurs aux abords de Gaza. Un cinquième des 40 kilomètres de long de Gaza était ainsi couvert. D’autres utilisaient la eSim qui, avec un abonnement spécifique, permet de passer par la bande de divers opérateurs.
Il faut aussi surmonter un autre problème : il n’y a plus d’électricité à Gaza. Mais certains, habitués aux conflits avec Israël, avaient installé des panneaux solaires. Des panneaux dont beaucoup ont été détruits par les avions israéliens.
Une amélioration due à la trêve
Aujourd’hui, selon Netblocks, un observatoire indépendant d’Internet, les mesures opérées il y a un jour dans la bande de Gaza montrent un accroissement de la connectivité internet. Une amélioration due à la trêve entre le Hamas et Israël. Une partie du carburant entré d’Égypte est allé alimenter les centrales de télécommunications.
Les opérateurs de Gaza ont, par ailleurs, commencé à réparer le réseau endommagé par les bombardements. Quand les antennes sont détruites, on cherche un immeuble toujours debout pour installer les répétiteurs. C’est ainsi que de nombreux habitants de Gaza ont pu revenir sur les réseaux sociaux. Le souci numéro un est d’avoir des nouvelles de la famille et des amis tant à l’intérieur de Gaza qu’avec les quatre coins du monde où résident des millions de Palestiniens de la diaspora. Viennent ensuite les images de désolation et de mort. Il y a aussi la diffusion de vidéos des Brigades al-Qassam filmées durant les combats avec l’armée israélienne.
*Source : RFI – Moyen-Orient