L'imagerie satellite civile est de plus en plus précieuse lors des conflits à grande échelle.
Revue de presse : Korii. (3/5/22)*
La guerre en Ukraine aura vu exploser un mercenariat d'un nouveau genre. En plus d'engager auprès d'entreprises privées des combattants de chair et de sang, les armées ont désormais aussi la possibilité d'externaliser leurs services de renseignements en ayant recours aux entreprises d'imagerie satellite.
La surveillance des mouvements des troupes russes par l'armée ukrainienne a largement été rendue possible grâce aux images de satellites civils. En ce moment, d'après le directeur de Planet Labs, une entreprise du secteur, environ 200 satellites photographient quotidiennement le pays sous toutes ses coutures.
Au-delà des forces ukrainiennes, ces images sont achetées par des grands médias qui enquêtent sur la situation dans le pays (ce sont par exemple des images satellites saisies par l'entreprise Maxar qui ont permis d'identifier un charnier à Doutcha) ainsi que par des organisations humanitaires qui peuvent ainsi suivre les couloirs d'évacuation.
Eye in the sky
Le recours à ces entreprises n'est pas réservé qu'aux armées qui n'ont pas assez de moyens pour posséder leurs propres yeux dans le ciel. Le Wall Street Journal raconte en effet que le gouvernement des États-Unis est lui-même un client régulier.
Lancer un satellite espion coûte des milliards et peut prendre des années, détaille le journal. D'où le fait que les satellites commerciaux constituent «un aspect important de la capacité de notre gouvernement à obtenir la bonne information au bon moment», expliquait récemment le vice-amiral Robert Sharp, qui dirige l'Agence de renseignement géo-spatial de la Navy américaine.
D'autant que certains engins commerciaux n'ont pas grand-chose à envier à leurs contreparties militaires. Radars permettant de voir à travers les nuages, détection des signaux radio: les satellites civils sont équipés des toutes dernières technologies.
La guerre représente une opportunité commerciale majeure pour les entreprises privées d'images satellites, ce qui est suffisant pour bouleverser le lancement de leurs engins. Il aura par exemple fallu moins d'une semaine après l'invasion russe du 24 février pour que BlackSky Technology décide de modifier l'orbite prévue de deux satellites tirés le 2 avril, afin qu'ils puissent se positionner au-dessus de l'Ukraine, explique le PDG de l'entreprise au Wall Street Journal.
*Source : Korii.