Combattants des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, aile armée du mouvement Hamas (résistance islamique), à côté d'un système lance-roquettes - Photo : via al-Jazeera
Par Abdel Bari Atwan (revue de presse : Chronique de Palestine – 20/5/21)*
Contre toute attente, les Palestiniens remportent cette bataille de “l’Épée d’Al-Qods” dans leur longue lutte pour leur indépendance.
La capacité des groupes de résistance palestiniens dans la bande de Gaza de continuer à lancer des missiles contre les villes et les colonies israéliennes pendant une deuxième semaine est en soi une victoire et une marque de l’échec israélien.
L’establishment sécuritaire et militaire d’Israël a tout mis en œuvre pour remporter un succès militaire qu’il peut vendre à un public inquiet pour justifier son retrait de la guerre d’usure qui se développe. Mais la résistance palestinienne n’a pas l’intention de le laisser faire.
Les Américains font de leur mieux pour sortir Israël de sa situation difficile. Ce n’est pas par souci pour la partie palestinienne. Ils ne sont pas du tout troublés par le massacre de plus de 200 personnes à ce jour, dont 58 enfants et 34 femmes. Ils veulent seulement arrêter les salves de missiles qui ont envoyé des millions d’Israéliens se précipiter dans leurs abris au cours de la semaine écoulée.
Cette “intifada des missiles” a fait économiser aux États du Golfe qui avaient normalisé leurs relations avec Israël, des milliards de dollars. Ils avaient l’intention d’acheter des systèmes anti-missiles israéliens Iron Dome.
Netanyahu les avait persuadés qu’ils étaient plus efficaces que les Patriots de fabrication américaine qui n’ont pas réussi à intercepter les missiles et les drones lancés par l’alliance Yémen Ansarullah (Houthi). Ils sont tombés dans le panneau. Mais maintenant, ils se demandent comment les Israéliens peuvent les protéger alors qu’ils ne peuvent même pas se protéger eux-mêmes.
L’armée israélienne n’a atteint aucun objectif militaire significatif au cours de la première semaine de cette guerre – autre que d’assassiner et de mutiler des civils innocents, d’aplatir des immeubles de grande hauteur, y compris des centres de médias, et de tuer quelques commandants de terrain du Hamas et du Jihad islamique.
Il n’a pas réussi à atteindre les dirigeants et les salles d’opérations conjointes des deux groupes, ni leurs plates-formes et usines de missiles, ni leurs opérateurs.
Au lieu de cela, il s’est attaqué aux maisons familiales de ces dirigeants dans les zones résidentielles – reflétant à la fois sa frustration et l’échec, une fois de plus, de son service de renseignement tant vantée.
Pendant ce temps, la vie quotidienne en Israël a été paralysée. Son économie, frappée par la pandémie, fait face à la perspective d’une nouvelle fuite des capitaux, comme cela s’est produit lors des précédents soulèvements palestiniens, et des milliers d’Israéliens binationaux envisagent à nouveau de retourner dans leur pays d’origine.
La menace d’Israël de lancer une invasion terrestre de la bande de Gaza est une véritable plaisanterie. Entrer peut être relativement facile, mais rester à l’intérieur ou en ressortir serait extrêmement difficile et extrêmement coûteux.
Les groupes de résistance palestiniens n’accepteront pas simplement de “rétablir le calme” afin que l’occupation, le blocus et l’oppression puissent se poursuivre dans la paix et la tranquillité.
Tout cessez-le-feu devra être conforme à leurs conditions et à leur calendrier. Les affirmations selon lesquelles Israël a résisté aux efforts des États-Unis pour parvenir à un cessez-le-feu sont une blague. Sous la table, ils ont fait pression sur leurs alliés en Égypte, au Qatar et en Jordanie, et leur ont offert de l’argent pour négocier une trêve.
Le problème des Israéliens est que leur cauchemar est devenu réalité : les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, à Jérusalem, dans les régions de 1948 et la diaspora se soulevant simultanément contre leur oppression et leur dépossession, avec le soutien d’innombrables millions de personnes dans le monde arabe et au-delà.
Cela quelques mois à peine après que les États-Unis et Israël, et leurs clients occidentaux et arabes, ont tenté de persuader le monde que les Palestiniens et leur cause étaient morts et enterrés et n’avaient qu’à concéder une défaite définitive devant un Israël invincible.
En mettant à nouveau leur cause au premier plan et en exposant Israël pour ce qu’il est, le peuple palestinien a déjà remporté cette nouvelle bataille dans sa longue et difficile lutte.
Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
Version originale : 18 mai 2021 – Raï al-Yaoum
*Source et Traduction: Chronique de Palestine – Lotfallah
Article d’Abdel Bari Atwan sur France-Irak Actualité : ICI