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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Khaled Mashaal appelle à un “soulèvement général” dans toute la Palestine

Publié par Gilles Munier sur 29 Mai 2021, 06:38am

Catégories : #Gaza, #Palestine

Khaled Meshaal, alors responsable du bureau politique du mouvement Hamas, lors de sa dernière visite à Gaza en 2012 - Photo: Réseaux sociaux

Par Middle East Eye (revue de presse : Chronique de Palestine – 28/5/21)*

Dans un entretien avec Middle East Eye, Khaled Meshaal affirme que le Hamas a désormais pris la tête de la lutte palestinienne, et il appelle tous les Palestiniens à se joindre à un “soulèvement général” contre l’occupation israélienne.

Le Hamas est à présent à la tête du peuple palestinien parce que le rôle principal des dirigeants sous l’occupation est de tracer le chemin des Palestiniens vers la liberté et la libération, a déclaré Khaled Meshaal, qui représente l’organisation dans la diaspora palestinienne.

Dans cette interview accordée à MEE par le groupe de la résistance après le cessez-le-feu de vendredi dernier avec Israël, Meshaal a appelé à un soulèvement général en “tous lieux” du territoire palestinien historique – Jérusalem et la vieille ville, la Cisjordanie et à l’intérieur d’Israël [Palestine de 48] lui-même.

Le haut dirigeant, qui a eu la responsabilité du bureau politique du Hamas jusqu’en 2017, a également déclaré que le mouvement était prêt à discuter avec les États-Unis.

Il a expliqué qu’il était étrange que l’administration du président Joe Biden continue de parler aux talibans, qui combattent activement les troupes américaines en Afghanistan depuis près de deux décennies, tout en refusant de parler au Hamas, qui n’est engagé dans aucun combat avec les États-Unis mais qui a pourtant été désigné comme “organisation terroriste” par Washington depuis 1997.

Dans un message adressé à Biden, Meshaal a ajouté: “Nous ne vous considérons pas comme nos ennemis, bien que nous nous opposions à nombre de vos politiques biaisées en faveur d’Israël et contre nos intérêts arabes et islamiques. Mais nous ne vous combattons pas. Nous sommes donc prêts à communiquer avec n’importe quelle partie sans conditions.”

Mais il a averti que le Hamas ne changerait pas sa position sur Israël. “Peu importe le temps que cela prendra, c’est mon message à Biden, aux États-Unis et à tous les États occidentaux qui continuent de placer le Hamas sur les listes du terrorisme. Je leur dis : peu importe combien de temps cela durera, mais le Hamas ne cédera pas à vos conditions.”

Meshaal a dit que les pays arabes qui avaient des relations “normalisées” avec Israël avaient non seulement poignardé les Palestiniens dans le dos, mais aussi porté atteinte à leurs propres intérêts en risquant d’inciter à une révolte populaire.

“Ce qu’ils espèrent obtenir d’Israël est une illusion et le fruit de l’imagination”, a averti Meshaal. “S’ils n’ont pas honte, ils ont un espace maintenant très restreint devant eux parce que l’opinion publique sera contre eux.”

En Palestine, le Hamas a constaté une augmentation du soutien populaire suite à sa décision de lancer des missiles sur Israël [Palestine de 48] en réponse aux attaques de l’occupant contre la mosquée al-Aqsa et les habitants du quartier de Sheikh Jarrah.

Ce soutien est apparu dans des secteurs dans lesquels il avait jusque là guère d’influence, et où ses représentants ont été constamment kidnappés par les forces d’occupation, en Cisjordanie et parmi les citoyens palestiniens d’Israël.

Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que Mahmoud Abbas conservait une quelconque autorité en tant que président après la dernière série d’affrontements, Meshaal a répondu:

“Nous n’excluons personne et nous n’ignorons le rôle de personne.
“Cependant, sans aucun doute, tout le monde a pu voir que le statut du Hamas à la tête des Palestiniens a été renforcé parce qu’il a conduit la lutte dans les évènements récents.”

Pour la première fois depuis de nombreuses années, des drapeaux du Hamas ont été vus flottant aux côtés de ceux du Fatah lors de rassemblements et de manifestations à Naplouse, et vendredi, un imam qui a refusé à al-Aqsa de mentionner Gaza dans son sermon hebdomadaire, a été forcé de quitter la mosquée face à la colère des fidèles.

À Jérusalem et à Umm al Fahm dans le nord d’Israël, les manifestants ont scandé le nom de Mohamed ad-Deif, le premier responsable de la branche militaire du Hamas, les Brigades al-Qassam, qu’Israël a tenté d’assassiner lors du récent conflit.

Meshaal a rappelé que la fonction première d’un leadership dans ces conditions était la lutte et la résistance, et de mener les Palestiniens vers la liberté et la libération de leur terre.

Les élections ne sont pas la seule option

Quelques semaines seulement avant le début des combats, le Hamas était prêt à se présenter aux élections aux côtés du Fatah et d’autres organisations palestiniennes, avant que ces élections ne soient reportées par une décision d’Abbas.

Selon Meshaal, le Hamas a confiance en lui-même et est toujours prêt à concourir dans un scrutin, mais les élections ne sont pas la seule option.

“Le Hamas n’a aucune crainte de se présenter via les urnes devant son peuple. Peut-être que d’autres ont peur”, a-t-il déclaré, faisant apparemment référence à Abbas.

Mais il a poursuivi: “Pourtant, encore une fois, les élections sont-elles la seule option ? Est-ce la seule possibilité de réconciliation et de remise en ordre de la maison palestinienne ? Non.”

Meshaal explique que les Palestiniens sont un seul peuple, avec une seule cause, et il appelle à “un soulèvement général, en tous lieux”.

“À Jérusalem, où le danger plane sur al-Aqsa, dans Sheikh Jarrah et la vieille ville et dans l’ensemble de Jérusalem… En Cisjordanie, où il y a l’occupation, les colonies, les séparations forcées et la confiscation des terres… Et dans la Palestine de 1948, où il y a discrimination raciale, les tentatives d’expulser et de bannir notre peuple dans la Palestine historique en utilisant les lois [raciales]… Et aussi la résistance à Gaza, et même dans la diaspora… Tous partagent la responsabilité de la libération.”

Alors que Meshaal s’exprimait, les colons israéliens soutenus par la police de l’occupant ont de nouveau pris d’assaut al Aqsa.

Interrogé sur ce qui pousserait le Hamas à tirer à nouveau des roquettes, Meshaal a déclaré que le cessez-le-feu n’était pas seulement subordonné à la fin des attaques israéliennes sur Gaza, mais à la fin des incursions des forces d’occupation israéliennes dans al-Aqsa, et à la fin de l’expulsion des Palestiniens qui résident dans le quartier de Sheikh Jarrah et à Jérusalem-Est.

“La bataille a été déclenchée pour ces raisons. Selon ce qui va se passer, les roquettes de la résistance s’arrêteront ou non”, a-t-il dit.

Cependant, il a ajouté que chaque région sous occupation pouvait choisir sa propre forme de résistance. “Il n’existe pas de forme unique qui soit bonne pour tout le monde et à tout moment.”

Israël “a un prix à payer”

Meshaal a également dit que le dernier conflit avait mis en évidence le rôle des Palestiniens vivant à l’intérieur des frontières de la Palestine de 1948 : “Ils ont envoyé le message que nous appartenions au même peuple et qu’ils venaient en aide à al-Aqsa, au quartier de Sheikh Jarrah et à Gaza, comme tout autre Palestinien venant en aide à un de ses frères.”

Israël paie également le prix des politiques racistes et des violations des droits de ses citoyens palestiniens qui ont mis en évidence la “fragilité” de l’État israélien, a-t-il ajouté. “Il est devenu évident pour toutes les masses palestiniennes, arabes et islamiques et pour les peuples libres du monde, qu’Israël commence à compter ses jours et que cette occupation, cette colonisation, cette entité coloniale n’a pas d’avenir dans la région.”

MEE a demandé à Meshaal d’expliquer comment le Hamas était passé d’une position de participation à une consultation électorale, alors même que des centaines de ses membres étaient arrêtés en Cisjordanie, à celle de tirer des missiles.

À l’époque, il y avait un débat animé au sein du Hamas sur l’opportunité de se présenter aux élections dans des conditions où il ne pouvait pas agir librement en tant que parti politique. Les élections ont finalement été reportées si ce n’est annulées, par Abbas, qui a exploité comme excuse le refus israélien de permettre aux habitants de Jérusalem de voter.

Meshaal a confirmé qu’il y avait eu un “débat interne” sur l’intérêt de se présenter aux élections en Cisjordanie. Mais il a insisté sur le fait que le principe de se présenter aux élections n’était pas en soi condamnable.

Expliquant la transition des urnes aux missiles, Meshaal a déclaré que la décision d’annuler les élections avait suscité “colère et frustration” et un sentiment d’incrédulité : “Pourquoi cette initiative ?”

Surviennent ensuite la violence contre les fidèles et les manifestants à al-Aqsa et la menace de déplacement forcé des résidents de leurs domiciles à Sheikh Jarrah.

Il a accusé Israël d’avoir mis le feu aux poudres, ajoutant que le Hamas avait prévenu Israël, afin que celui-ci ne soit pas surpris par les tirs de roquettes. “Lorsque les [forces d’occupation] ont pris d’assaut la mosquée al-Aqsa à la fin du Ramadan, la résistance a été obligée de réagir… et la bataille a commencé.”

“Il n’y a pas de contradiction entre s’engager dans la bataille politique à travers les élections, soutenir notre cause et se mobiliser pour elle dans les forums internationaux, et s’engager dans le combat. Les deux formes de combat sont liées l’une à l’autre”, a-t-il expliqué.

Lorsqu’on lui a demandé qui avait pris la décision de tirer les missiles, Meshaal a déclaré que le mouvement disposait une direction unique, mais que chaque composante pouvait prendre ses propres décisions.

“Lorsque la direction des Brigades al-Qassam prend une décision en lançant la bataille, elle décide conformément à la stratégie et à l’orientation générales du mouvement. Il en va de même pour ceux qui s’activent dans les domaines de la mobilisation de masse ou des relations politiques. Ce sont des décisions qui découlent de la stratégie centrale, telle qu’adoptée par les dirigeants du mouvement.”

“Intérêts partagés” avec l’Égypte

Meshaal a eu des mots chaleureux pour l’Égypte, même si le président Abdel Fatteh el-Sissi a organisé un coup d’État militaire contre le président élu du pays issu du mouvement des Frères musulmans, Mohamed Morsi et massacré ses partisans à Rabaa. Malgré également l’application du siège sur Gaza, en détruisant les tunnels du Hamas et tout le secteur égyptien du poste frontière de Rafah.

Meshaal a déclaré que le rôle de l’Égypte dans les affaires palestiniennes était fondamental, même s’il y avait eu des désaccords.

“Les intérêts mutuels exigent que les deux parties travaillent ensemble et puissent identifier des rôles sur lesquels elles s’accordent et se coordonnent, malgré les divergences, comme vous l’avez mentionné, sur la question de la Fraternité musulmane ou d’autres.

“Nous au Hamas, bien que nous soyons une partie essentielle de la Fraternité, sommes un mouvement de résistance et nous n’intervenons pas dans les affaires de tierces parties et nous traitons avec les pays islamiques, et avec les autres, sur la base de notre cause et de ses intérêts, sans que nous nous mêlions de leurs affaires ou qu’ils n’interviennent dans les nôtres.

“Par conséquent, nous saluons le rôle de l’Égypte comme nous saluons le rôle de tous les États arabes et islamiques ou de tout pays dans le monde, à condition qu’ils aient dans ses objectifs de servir notre peuple, de mettre fin à l’agression contre lui et de le soutenir.”

Le dirigeant du Hamas rappelle que les États arabes ont la responsabilité de proposer une nouvelle stratégie pour reconquérir la Palestine, Jérusalem et al-Aqsa, et mettre fin à l’occupation.

“Je crois que tout le monde a compris l’inutilité des négociations, l’inutilité du [prétendu] processus de paix et des accords de paix avec Israël, et l’inutilité de la normalisation. Ceux qui considéraient Israël comme une composante naturelle de la région se trompent. Certains pensaient pouvoir exploiter la force d’Israël pour affronter leurs propres ennemis ici ou là.

«Tout le monde est maintenant convaincu qu’Israël est le véritable ennemi de la région et qu’il est une entité fragile et que nous pouvons le vaincre au lieu de nous plaindre de sa politique.”

Il a dit aussi que l’Égypte était mécontente de la politique d’Israël à l’égard de la question du barrage de la Renaissance en Éthiopie, que le Caire considère comme une menace pour sa sécurité nationale. L’Égypte est certainement mécontente des informations faisant état de projets israéliens de creuser un canal de navigation alternatif au canal de Suez.

“Par conséquent, au lieu de se sentir impuissant face aux violations des droits et aux projets israéliens, c’est une opportunité… la résistance en Palestine et ce grand soulèvement de notre peuple disent aux Arabes : “Compagnons, nous sommes une seule Oummah et nous avons les mêmes intérêts, alors bâtissons sur ce succès.

“Lançons une seule bataille, non seulement pour sauver et revendiquer la Palestine, mais aussi pour protéger l’ensemble de la Oummah.”

25 mai 2021 – Middle East Eye – Traduction : Chronique de Palestine

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