Guy Delbès (photo Sud Ouest)
Par Gilles Munier/
Jusqu’ici, il fallait fouiller dans les archives de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth, ou chercher dans les rayons de la librairie Antoine - à Beyrouth également – pour trouver les écrits de Guy Delbès, un des plus discrets spécialistes du Proche-Orient. Ceux qui le connaissent se félicitent de la parution de « Minorités mystérieuses d’Orient »* où l’auteur a regroupé certains de ses articles sur l’histoire complexe de la région, et sur les spécificités ethniques et religieuses de peuples qui la compose.
Guy Delbès sait plus que d’autres de quoi il parle, puisqu’il a été, en quelque sorte, le témoin des mille et un bouleversements qui se sont produits au Proche-Orient depuis la chute de l’Empire Ottoman. Enfant, il a vécu au Liban et en Syrie du temps du Mandat, puis – parlant parfaitement l’arabe – commencé une carrière comme diplomate français au Maroc, avant d’intervenir comme consultant pour d’importantes compagnies pétrolière et de prendre plus tard sa retraite – selon des médias - en « Monsieur Qatar » officiant à Paris dans les prestigieux bureaux de l’hôtel de Coislin, place de la Concorde (où fut signé – sous Louis XVI – le traité reconnaissant l’indépendance des Etats-Unis).
Son livre, « Minorités mystérieuses d’Orient », est une sorte de « Que Sais-je ? » nouvelle formule, c’est-à-dire un ouvrage qui offre des clés de compréhension aux débutants rebutés par les pavés historiques des chercheurs et les ouvrages souvent tendancieux des journalistes.
Au sommaire :
Un aperçu de l’histoire mouvementée de la région, de l’Empire Ottoman au bouillonnement dit « intégriste » de la fin du 20ème siècle, en passant par l’abandon des Accords Sykes-Picot, la Déclaration Balfour, la création d’Israël et les guerres du pétrole.
Une présentation de deux sectes religieuses qui font, ou ont fait, ces dernières années la Une de l’actualité: les Yézidis dont personne ne parlait il y a encore dix ans et dont le massacre par les djihadistes de l’Etat islamique a bouleversé le monde, et les Alaouites qui se sont progressivement emparé du pouvoir en Syrie avec l’aide directe ou indirecte de la France, puis de l’URSS et de la Russie.
Les lecteurs le plus curieux liront avec intérêt l’histoire méconnue des Qarmates, une secte islamique dissidente du chiisme ismaélien qui profana les lieux saints de La Mecque au 10ème siècle, maudite depuis dans le monde musulman pour avoir gardé en otage, 23 ans durant, la Pierre noire placée par le Prophète Muhammad dans le mur de la Kaaba.
Ceux qui ont rencontré Guy Delbès à Bagdad aux pires moments de l’embargo international dont a été victime le peuple irakien, savent – comme le poète et écrivain libanais Salah Stétié, ancien ambassadeur à Paris, qui préface remarquablement « Minorités mystérieuses d’Orient » - que Guy Delbès est vraiment un « homme de savoir et d’humanité ».
*"Minorités mystérieuses d’Orient" - Hermann Editions, 2017, 22 euros