Revue de presse : Assawra (18/2/17)*
En quête d'une solution "régionale" pour régler le conflit israélo-palestinien, les Etats-Unis encouragent la formation d'un front uni entre l'Etat hébreu et les puissances arabes sunnites contre l'Iran chiite, leur bête noire commune.
La première rencontre cette semaine à la Maison Blanche entre Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été dominée par les déclarations équivoques du président américain prenant ses distances avec la "solution à deux Etats" israélien et palestinien.
Des lieutenants de M. Trump ont ensuite ajouté à la confusion en assurant que les Etats-Unis restaient attachés à ce principe de référence pour la communauté internationale, mais que Washington était aussi ouvert à des solutions alternatives.
Benjamin Netanyahu, lui, a été plus clair en proposant une "approche régionale" pour mettre fin au conflit au Proche-Orient, le plus ancien de la planète. Une offre reprise par Donald Trump lors de leur conférence de presse commune à la Maison Blanche mercredi.
Le lendemain, le dirigeant israélien a plaidé sur la télévision MSNBC pour "une paix globale au Moyen-Orient entre Israël et les pays arabes". Il a vanté une "occasion sans précédent car nombre de pays arabes ne considèrent plus Israël comme un ennemi mais comme un allié face à l'Iran et à Daech (groupe Etat islamique, ndlr), les forces jumelles de l'islam qui nous menacent tous".
Donald Trump a réaffirmé qu'il voulait présider à "un formidable accord de paix" israélo-palestinien. Conseillé par son gendre Jared Kushner, juif pratiquant, il a repris à son compte l'"approche régionale" de M. Netanyahu, évoquant en des termes vagues "beaucoup, beaucoup de pays" et "un territoire très vaste".
Plus précis, le possible prochain ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, a poussé à la constitution d'un front entre Israël et des pays arabes sunnites, contre l'Iran.
"Les Etats du Golfe, les Egyptiens, les Jordaniens et les Israéliens sont tous unis (...) par une même inquiétude face à l'Iran, un Etat qui soutient le terrorisme", a estimé jeudi, lors de son audition de confirmation devant le Sénat, cet avocat juif controversé à Washington pour ses propos à l'emporte-pièce en faveur la colonisation israélienne et contre un Etat palestinien.
Aux yeux d'experts américains, cette convergence de vues entre Israël et pays arabes sunnites face au rival iranien chiite, doit être soutenue par l'administration Trump, laquelle vient d'ailleurs de prendre des sanctions contre Téhéran, rompant avec le réchauffement amorcé sous l'ère de Barack Obama.
"Trump peut jouer un coup diplomatique majeur entre Israël et les Etats du Golfe en endiguant la menace iranienne", encourage Jonathan Shanzer, vice-président du centre d'analyse conservateur Foundation for Defense of Democracies.
Les Etats-Unis pourraient être "au fondement d'une entente régionale entre Israël et les pays du Golfe", insiste le chercheur auprès de l'AFP, les pétro-monarchies - Arabie saoudite, Emirats arabes unis ou Qatar - n'ayant pas de relations diplomatiques avec Israël.
Mais le sujet est si sensible en Israël que les autorités ne nomment jamais ces puissances arabes, à l'exception de l'Egypte et de la Jordanie avec lesquels l'Etat hébreu a fait la paix et entretient des relations diplomatiques.
Ce qui n'empêche pas des liens officieux entre Israël et les pays du Golfe.
Un général saoudien à la retraite, Anwar Eshki, avait ainsi vu en juillet dernier à Jérusalem-Ouest le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Dore Gold. Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés un an plus tôt à Washington dans un centre de recherche.
A l'époque, ils avaient évoqué le processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis le printemps 2014, et plaidé pour revigorer l'initiative de paix arabe. Celle-ci est un plan de paix saoudien de 2002 offrant une normalisation entre Israël et l'ensemble des pays arabes en échange d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967.
Cette initiative saoudienne avait été remise sur les rails en juillet 2013 par le secrétaire d'Etat américain de l'époque, John Kerry, avant que sa médiation entre Israéliens et Palestiniens ne capote neuf mois plus tard.
Mais dorénavant, l'administration Trump peut pousser à une alliance américano-israélo-sunnite, pense Robert Satloff, directeur du Washington Institute for Near East Policy: "Israël et les fidèles alliés régionaux des Etats-Unis ont vraiment besoin d'un leadership américain après ce qui a été perçu comme de l'indifférence de l'administration Obama", estime-t-il.
De son côté, le ministre adjoint israélien de la Coopération régionale, Ayoob Kara, a appelé de ses voeux, dans un tweet, "un sommet de la paix régional de dirigeants arabes à Washington (...) C'est le nouveau Moyen-Orient de Trump et de Netanyahu".
*Source : Assawra (avec les agences de presse)