Par Bachar al-Assad (revue de presse : Réseau international – 13 novembre 2023)*
Texte intégral de l’allocution du président syrien Bachar al-Assad au Sommet extraordinaire des 57 pays arabes et musulmans le 11 novembre 2023, dans le contexte des massacres israéliens à Gaza et dans toute la Palestine :
Gaza n’a jamais été la «cause», la Palestine est la cause et Gaza une matérialisation de son essence, une expression criante des souffrances de son peuple. En parler isolément égare la boussole, car elle est une partie d’un tout et une étape sur une trajectoire.
Et la dernière agression sur Gaza est juste un évènement au sein d’un long contexte qui remonte à 75 ans de crimes sionistes et 32 ans d’une paix vouée à l’échec, dont le seul et unique résultat absolu et irréfutable est que l’«entité» est devenue plus agressive et la situation palestinienne plus injuste, avec encore plus d’oppression et de misère. La terre n’a pas été restituée et le droit n’a pas été rendu ni en Palestine ni au Golan.
Cette situation a engendré une équation politique dont la teneur est que plus de mansuétude arabe à leur égard équivaut à plus de férocité sioniste envers nous, et que plus de main tendue de notre part équivaut à plus de massacres contre nous.
À la lumière d’une telle équation extrêmement claire, il n’est pas possible de discuter de l’agression sur Gaza indépendamment du contexte des massacres sionistes contre les Palestiniens, par le passé, et la poursuite indubitable de ce contexte à l’avenir.
À la lumière d’une telle équation extrêmement claire, il n’est pas possible que nous dissociions ce crime permanent de la manière dont nous nous comportons, en tant qu’États arabes et musulmans, devant des évènements qui se répètent en les compartimentant et en les séparant de la cause palestinienne. Le maintien d’un tel comportement systématique face à l’agression de Gaza, aujourd’hui, signifie que nous préparons le chemin de la poursuite des massacres jusqu’à l’extermination du peuple et la mort de la cause.
L’extraordinaire de notre sommet d’aujourd’hui n’est ni l’agression ni la tuerie, car les deux sont permanents, immanents à l’entité et un trait de sa personnalité.
L’extraordinaire est le sionisme qui s’est surpassé en matière de barbarie. Ce qui nous met face à d’immenses responsabilités sans précédent du moins humainement et politiquement, et cela si nous mettons de côté la sécurité nationale de notre région.
Du point de vue humanitaire, il n’y a pas de différend entre nous quant à notre devoir de prendre en charge une grande part de la satisfaction à nouveau des besoins vitaux essentiels (des Palestiniens), soit à travers les aides immédiates, soit par la reconstruction des infrastructures nécessaires ultérieurement. Mais, allons-nous continuer à tourner dans le cercle vicieux des tueries et des aides, puis des massacres et des soutiens, des agressions et des communiqués ?
La question la plus importante est : «de quoi le Palestinien a-t-il besoin de notre part ?». A-t-il besoin de nos aides humanitaires en premier lieu ? Ou bien a-t-il besoin, en priorité, de notre protection contre son extermination à venir ? Tel est notre rôle et c’est en cela que réside notre travail politique. Mais si nous ne possédons pas les vrais outils pour faire pression, aucune de nos démarches et aucun des discours que nous tenons n’aura de sens.
Au minimum, nous possédons des outils politiques efficaces et non simplement déclaratifs, au premier rang desquels l’arrêt du processus politique en direction de l’entité sioniste avec tout ce qu’il comporte comme intitulés économiques ou autres ; sa reprise étant conditionnée par l’arrêt immédiat, sur le long terme et non momentanément, des crimes commis contre tous les Palestiniens et dans toute la Palestine, ainsi que par l’autorisation de l’entrée immédiate des aides à Gaza.
Quant à parler de deux États, du lancement de l’opération de paix ainsi que d’autres détails et droits, ce ne sont pas une priorité du moment en cette situation d’urgence, malgré leur importance. D’autant plus que nous savons qu’en parler et en discuter sera infructueux et vain, en raison de l’absence d’un partenaire, d’un parrain, d’une référence ou d’une loi, et en raison de l’impossibilité de récupérer un droit alors que le criminel est devenu juge et que le voleur est devenu arbitre. Et c’est le cas de l’Occident aujourd’hui.
Ce n’est que par notre volonté, mes frères, et loin de toutes nos requêtes auprès des États occidentaux, des institutions internationales et autres afin qu’ils assument leurs responsabilités, alors qu’ils n’assument que des responsabilités colonialistes historiques fondées sur l’oppression et le pillage des peuples… ce n’est que par notre volonté, par l’opinion publique populaire torrentielle dans nos pays, et par la nouvelle réalité que la courageuse Résistance palestinienne a imposé dans notre région, que nous avons possédé de tels outils politiques.
Utilisons donc ces outils et exploitons le changement au niveau international, lequel nous a ouvert des portes politiques bloquées depuis des décennies pour les franchir et modifier les équations, afin que les précieuses âmes tombées en Palestine soient le digne prix de ce que nous n’avons pu réaliser par le passé et que nous devons réaliser au présent et à l’avenir.
Source : Réseau international
Intervention en langue arabe : Site de la présidence syrienne
Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal