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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


La boucle est bouclée!

Publié par Gilles Munier sur 6 Octobre 2018, 08:44am

Catégories : #Palestine, #Gaza, #Jérusalem

Extrait de la lettre d'Arthur Balfour à Lord Rothschild

+ Courrier du CVPR n°70 complet (en PDF)* 

Par Maurice Buttin (revue de presse: Courrier du CVPR -septembre 2018)*

1897 à Bâle. Premier congrès sioniste mondial. Les congressistes proclament, ce que j’ai toujours appelé la  Charte sioniste : « Le sionisme vise à établir pour le peuple juif un foyer national, reconnu publiquement et légalement, en Palestine ». 

1917 (20 ans après). Reconnaissance internationale du but poursuivi par les sionistes par la « déclaration Balfour », reprise telle quelle dans le mandat confié aux Britanniques.

1947 (50 ans après). Partage inique de la Palestine par l’ONU : un Etat juif (54 %) du pays ; un Etat arabe 44 %) ; Jérusalem et les Lieux saints devant rester sous le contrôle de l’ONU. 1948 : proclamation de l’Etat d’Israël.

1967 (70 ans après). Occupation totale de la Palestine.

2018 (121 ans après) Les sionistes au pouvoir votent le 18 juillet une nouvelle loi fondamentale, « Israël, Etat-nation du peuple juif ». La boucle est bouclée ! Selon certains, pourtant, cette loi marquerait un « tournant historique » pour Israël ? Est-ce bien sûr ? Oui et non.

OUI, dans la mesure où elle est, de facto, contraire à la « Déclaration d’indépendance », de David Ben Gourion le 14 mai 1948. Le régime du nouvel Etat n’y est pas défini, mais nous pouvons y retrouver tous les grands principes et idéaux des grands Etats démocratiques.

Je cite :

« L’Etat d’Israël veillera au développement du pays pour le bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur la liberté, la justice et la paix (…) ; il assurera la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants, sans distinction de race ou de sexe ; il garantira la liberté du culte de conscience, de langue, d’éducation et de culture (…) et sera fidèle aux principes de la Charte des Nations Unis ».

Désormais, en effet, la nouvelle loi commence ainsi : « La Terre d’Israël est la partie historique du peuple juif dans laquelle a été créé l’Etat d’Israël ». Il n’y est  plus question de « démocratie ». Seuls les juifs peuvent exercer un droit naturel à l’autodétermination et l’hébreux devient la seule langue officielle, alors que l’arabe, parlé par plus de 20 % de la population, avait avant un statut identique. La loi ne précise aucune frontière, mais laisse ainsi ouvert à la plus large expansion, comme par exemple l’annexion de toute la Cisjordanie ! Elle précise : « Jérusalem, dans sa totalité et réunifiée, est la capitale de l’Etat » - là encore aucune frontière n’est fixée.

Et encore : « L’Etat sera ouvert à l’immigration juive et à l’accueil des exilés ». Il ne s’agit pas, bien sûr, des Palestiniens expulsés en 1948 et 1967, ou de leurs descendants. Mais cet Etat considère-t-il désormais que les juifs installés hors d’Israël, et qui entendent y rester, sont des « exilés » ?

Il est certain aussi que cette loi n’est pas « fidèle aux principes de la Charte des Nations Unies », tant en ce qui concerne l’application des résolutions 181 (partage) et 194 (retour des « réfugiés ») - à laquelle s’était engagé Israël pour être admis, en 1949, parmi les membres de l’ONU, qu’en ce qui regarde le statut de Jérusalem .

NON, et un bref rappel de l’histoire de ces 70 dernières années convaincra le lecteur.

De 1947 à 1948, dès avant la belle « Déclaration d’indépendance », les sionistes - en application du slogan « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », ont expulsé de leur pays plus de 700 000 Palestiniens, en application du plan préconçu Daleth, et détruit 530 de leurs villages… Les 150 000  Palestiniens restés dans leur pays  ont vécu sous un strict régime militaire jusqu’en 1966…

Depuis cette époque, jusqu’à aujourd’hui, plus de 50 lois ont visé les seuls Palestiniens d’Israël… La loi du retour (1950) et la loi sur la citoyenneté opèrent, par exemple, une discrimination, selon que le citoyen est Juif ou Palestinien. Ainsi, au seul premier est reconnu des « droits nationaux », considérés comme supérieurs aux droits de citoyenneté individuels… Israël, le « seul pays démocratique au Proche-Orient », tant vanté en Occident par les dirigeants et les médias, n’a, en fait, été « démocratique » que pour les Israéliens juifs, les touristes ou les pèlerins occidentaux… et ainsi de suite.

Ce que la nouvelle loi affirme, c’est ce que les dirigeants sionistes d’Israël ont pratiqué et affirmé avant et depuis 1948. Les Palestiniens d’Israël ont toujours été traités de « citoyens de seconde zone », et la langue arabe fort peu utilisée par l’Administration. Par ailleurs, Israël n’a jamais respecté l’engagement formel pris avant d’être admis à l’ONU, comme il a été rappelé, pas plus d’ailleurs que les 200 et quelques résolutions votées à son encontre par le Conseil de Sécurité ou par l’Assemblée Générale de l’ONU…

N’est-ce pas David Ben Gourion lui-même qui déclarait en 1948 : « L’acceptation de la partition ne nous engage pas à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à quelqu’un de renoncer à sa vision. Nous acceptons un Etat dans les frontières fixées aujourd’hui - mais les frontières des aspirations sionistes sont les affaires des Juifs et aucun facteur externe ne pourra les limiter » (1)

Ce qui change simplement avec la nouvelle loi, c’est que, l’apartheid et le racisme de fait, pratiqués par les Sionistes depuis la création de l’Etat d’Israël, sont maintenant devenus un apartheid et un racisme de droit. C’est bien pourquoi de nombreux dirigeants israéliens l’ont trouvée « inutile » ou « superflue » …

Me Maurice Buttin est président du CVPR PO (Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient).

(1) Cité par Simha Flapan dans « La Naissance d’Israël » - 1987- Page 53 – Voir également les déclarations des  Premiers ministres israéliens, en Annexe dans « Le déni de Palestine 1917-2017 » aux Editions du CVPR PO.

*Source: Editorial  du Courrier du CVPR

*Courrier du CVPR n°70 complet (en PDF ci-dessous)

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