Par Gilles Munier
Devant une marée humaine rassemblées le 8 décembre sur la place Al-Katiba, à Gaza, Khaled Mechaal, chef du Hamas en exil, a célébré à la fois le 25ème anniversaire de la création de son organisation et le déclenchement de la première Intifada, en rappelant aux dirigeants palestiniens que 20 ans de négociation avec Israël n’ont rien donné, et déclaré « toutes les formes de lutte, politique, diplomatique, juridique et de mobilisation sont légitimes pour recouvrer ses droits mais aucune n’a de sens sans la résistance ». Il ne faut « céder ni un pouce ni une partie» de la Palestine.
Avec à ses côtés Moussa Abou Marzouk - son adjoint - et Ismaïl Haniyé - chef du gouvernement de Gaza- il a ajouté : « Le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël et revendiquera toujours la terre de Palestine dans sa totalité. La Palestine est à nous, de la rivière [Jourdain] à la mer [Méditerranée], et du sud au nord, c'est notre droit, elle n'est pas aux sionistes. Nous ne ferons aucune concession, nous n'abandonnerons pas un seul pouce de notre terre. Nous ne reconnaîtrons jamais la légitimité de l'occupation israélienne, Israël n'a aucune légitimité et n'en aura jamais».
Derrière Khaled Mechaal trônait la réplique d’une roquette M75 « made in Gaza », du type de celles tirées sur Tel Aviv et Jérusalem, en réponse à l’opération militaire Pilier de Défense.
Un appel au meurtre,du président de Kadima
Shaul Mofaz, ancien chef d’Etat major de l’armée israélienne, président du parti soi-disant centriste Kadima, a regretté qu’Israël n’ait pas profité de la présence de Khaled Mechaal à Gaza pour le tuer. « Si Israël ne traite pas d'une main ferme le Hamas », a-t-il prophétisé, « nous verrons bientôt Mechaal en Judée-Samarie [Cisjordanie] ».
Il y a longtemps que le dirigeant palestinien est dans la ligne de mire des tueurs du Mossad. En septembre 1997, il a échappé de justesse à une tentative d’assassinat, alors qu’il représentait le Hamas à Amman. Cinq agents israéliens, entrés en Jordanie avec des passeports canadiens, lui avaient sauté dessus dans la rue et étaient parvenus, dans la bagarre, à lui injecter un poison violent dans une oreille. Ceinturés par ses gardes du corps, deux des assaillants avaient été livrés à la police jordanienne, tandis que les autres s’étaient réfugiés à l’ambassade d’Israël. Mais hospitalisé, Khaled Mechaal avait sombré dans un coma profond. Furieux, le roi Hussein de Jordanie avait ordonné à son armée de cerner l’ambassade et prévenu Benjamin Netanyahou que s’il ne lui livrait pas l’antidote d’urgence, les deux agents faits prisonniers seraient pendus.
Dany Yatom arriva à Amman par avion spécial et remit au roi l’antidote qui sauva la vie à Khaled Mechaal. La colère du souverain n’étant pas calmée, Netanyahou dut lui envoyer Ariel Sharon qui, pour l’apaiser, accepta qu’Israël libère Cheikh Ahmad Yassin - fondateur du Hamas - en échange des deux espions.
Ceux qui doutent encore qu’Israël ait pu empoisonner Yasser Arafat devraient lire Kill Khaled, du journaliste d’investigation australien Paul McGeough (Quartet Books, 2009), ou Dossier secret sur Israël, le terrorisme par Vincent Monteil (Guy Authier, 1978). Ils sauraient que la liste des crimes commis par les services secrets israéliens est longue, et celle de leurs tentatives ratées encore plus.