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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Dernier acte de la guerre en Libye + Haftar et Israël

Publié par Gilles Munier sur 15 Juin 2020, 06:45am

Catégories : #Libye, #Israel, #Turquie, #Erdogan

Une étude de Can Acun (revue de presse : TRT – 13/6/20)*

L’armée libyenne rattachée au gouvernement d’entente nationale a vaincu les milices du général Haftar à proximité de la capitale Tripoli, avec le soutien de la Turquie, progressé vers l’est et lancé une nouvelle opération afin de prendre le contrôle de Syrte, la ville côtière, et de la base aérienne stratégique d’al-Jufra. Le général Haftar, a, quant à lui, rencontré al-Sissi au Caire et appelé à un cessez-le-feu, cherchant à au moins conserver sa situation militaire actuelle sur le terrain.

Alors que l’effet du soutien accordé par la Turquie au gouvernement d’entente nationale se fait chaque jour de plus en plus ressentir dans la guerre libyenne, le général Haftar est passé pour la première fois à la défensive. Le fait que les Forces armées turques se soient positionnées à Tripoli et à Misrata, et fournissent une formation militaire et l’équipement militaire qui lui est nécessaire, a totalement changé le cours de la guerre. Les milices rattachées à Haftar ont subi de lourdes pertes après que le contrôle aérien ait été assuré dans les zones ouest du pays. Elles ont dû, par conséquent, commencer à se retirer. Il y a à présent deux villes d’une importance stratégique au cœur des conflits. La ville côtière de Syrte et al-Jufra, qui abrite une base aérienne extrêmement importante. Ces deux villes sont importantes car elles sont les portes s’ouvrant au croissant pétrolier qui renferme une très large partie des ressources pétrolières de la Libye. L’armée libyenne rattachée au gouvernement d’entente nationale veut prendre le contrôle de ces zones pour accéder au croissant pétrolier, le contrôler et ainsi relancer la production et l’exportation. Prenant en compte les demandes des pays comme les Emirats arabes unis, le général Haftar avait interrompu la production et l’exportation de pétrole. Il allait ainsi faire pression, sur le plan économique, au gouvernement d’entente nationale et provoquer une augmentation des prix pétroliers mondiaux en interrompant la production d’environ 1,5 million de barils de pétrole par jour. Dans ce contexte, le gouvernement d’entente nationale vise à prendre le contrôle du croissant pétrolier avec Syrte et al-Jufra avant de prendre part aux pourparlers pour un cessez-le-feu et une solution politique.

Des développements importants se déroulent sur le plan militaire mais aussi politique en Libye. Tout d’abord, les pays comme les Emirats arabes unis, la Russie et l’Egypte, qui soutiennent le général Haftar cherchent à obtenir une trêve dans l’immédiat et à éviter de plus grandes pertes face au gouvernement d’entente nationale.

Mais le plus important est que l’on constate une recherche d’acteurs différents après la défaite militaire du général Haftar. Le président de la Chambre des représentants siégeant à Tobrouk, Aguila Salah, est une figure qui apparaît au premier plan. La Turquie, d’un côté, poursuit son soutien militaire et politique, et de l’autre, recherche une position commune en Libye pour équilibrer les Etats-Unis et la Russie. On constate que la politique des Etats-Unis concernant la Libye commence à changer en faveur du gouvernement d’entente nationale. La présence militaire de la Russie à l’est dérange sérieusement les Etats-Unis et l’oblige à agir conjointement avec la Turquie.

Can Acun est écrivain-chercheur à la Fondation des études politiques, économiques et sociales (SETA), un think tank proche de l'AKP.

*Source : TRT en français

+ Haftar et Israël

Appel du pied à Israël… depuis la Libye!

Par Shraga Blum (revue de presse: LPH info – 13/6/20)**

Pour la première fois, un officiel libyen accorde une interview à un média israélien et exprime son désir de normaliser un jour les relations avec l’Etat juif. Le vice-Premier ministre Abd al-Salam al-Badri a répondu (par téléphone) aux questions de la journaliste Pazit Rabina du journal Makor Rishon.

Abd al-Salam al-Badri, vice-Premier ministre du gouvernement de Benghazi

Avant d’entrer dans le contenu de l’interview il faut rappeler quelle est la situation actuelle dans ce pays coupé en deux et soumis à des appétits étrangers. A l’est, la Cyrénaïque, avec comme capitale Benghazi, dirigée par le général Khalifa Haftar, et soutenue par la Russie, l’Egypte et les Emirats arabes unis. A l’ouest, la Tripolitaine, avec comme capitale Tripoli, dirigée par Faïez Sarraj et soutenue par les Frères Musulmans, la Turquie et le Qatar. Depuis la fin du régime Kadhafi, la Libye est un pays éclaté sur la plan économique, confessionnel et clanique. Elle est aujourd’hui à la croisée des chemins en devenant, comme la Syrie, un champ de bataille entre la Russie et la Turquie ce qui pourrait être le point de départ à un embrasement régional qui pourrait même concerner Israël.

De violents combats ont lieu depuis des mois entre les troupes et milices des deux camps, et après des avancées du général Haftar, la situation s’est récemment retournée et le camp soutenu par la Turquie a enregistré des succès militaires importants grâce notamment à l’envoi massif de troupes et de matériel depuis Ankara.

C’est dans ce contexte que se situe l’appel du pied lancé par Abd al-Salam al-Badri à Israël. Cet homme discret et fin diplomate reconnaît avoir déjà eu des contacts secrets avec des Israéliens ces dernières années, mais au vu de la situation, il n’a plus peur de se montrer. « Nous ne laisserons pas le fou d’Istanbul (Erdogan) nous piller nos ressources naturelles », avertit-il, parlant des gigantesques gisements de pétrole et de gaz situés près des côtes libyennes et qui font saliver Ankara. Les Russes quant à eux, ne sont pas non plus d’innocents bienfaiteurs. En plus des ressources naturelles, ils visent l’installation de bases militaires dans le sud de la Méditerranée, face à l’Europe, comme ils en ont en Méditerranée orientale avec la Syrie. Un cauchemar pour l’Otan et l’Union européenne…

A quelques jours de la venue en Israël du Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis, Abd al-Salam al-Badri souhaiterait qu’Israël se joigne à l’initiative grecque visant à créer une large alliance maritime de pays de Méditerranée orientale pour contrer l’accord scandaleux et illégal conclu entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli qui se ont appropriés tout l’espace maritime qui sépare les deux pays, mettant en danger les forages grecs et chypriotes mais aussi le projet de pipeline de gaz EastMed d’Israël vers l’Europe. Selon cet accord, la Turquie pourrait forer à sa guise les fonds marins sur tout l’espace reliant la Libye et la Turquie, comme si la Grèce et Chypre n’existaient pas. Et Israël devrait solliciter l’autorisation de Recep Erdogan pour poser le pipeline d’EastMed!

Pour Abd al-Salam al-Badri, les choses sont claires : le président turc applique une politique impérialiste néo-ottomane et considère qu’il peut agir à sa guise loin de ses terres, en Libye, ancienne contrée de l’Empire turc. Et il bénéficie pour cela d’une manne financière énorme en provenance du Qatar qui intervient également pour redresser l’économie turque. Abd al-Salam al-Badri souligne aussi que la Turquie a fait venir en Libye de nombreux terroristes jihadistes depuis la Syrie afin de combattre les troupes du général Haftar.

Le vice-Premier ministre dénonce également l’attitude des Etats-Unis qui après avoir soutenu le camp Haftar dans un premier temps se sont pratiquement retirés de la partie. Il soupçonne aussi le Qatar d’avoir versé des sommes colossales aux Etats-Unis dans des relations publiques afin d’influer sur la politique étrangère américaine sur cette question. Washington voit aussi d’un mauvais oeil l’installation des Russes en Libye. Mais c’est surtout contre l’Administration Obama qu’il dirige ses critiques l’accusant d’avoir clairement abandonné les alliés traditionnels des Etats-Unis et soutenu les Frères Musulmans.

Et quel message a-t-il pour Israël? « Nous espérons qu’Israël se tiendra à nos côtés. Nous n’avons jamais et ne seront jamais des ennemis. Des circonstances particulières nous ont séparés. Nous avons un ennemi commun, Recep Erdogan ».

Et comme d’autres dirigeants de la planète, Abd al-Salam al-Badri sait aussi que pour atteindre Washington, il est bon de passer par Israël…

**Source : LPH info (L’info en direct d’Israël)

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