Par Gilles Munier/
Les travaux de réparation du barrage Eski (ex Saddam) au nord de Mossoul n’ont toujours pas été sérieusement entrepris. Les ingénieurs qui en assurent la maintenance, tant bien que mal, craignent qu’il cède au printemps, quand les eaux du lac de retenue seront à leur plus haut niveau.
Selon le New York Times, le président Barack Obama aurait rappelé au Premier ministre irakien Haider al-Abadi - lors d'un entretien téléphonique - la nécessité de « réparer le barrage en urgence ». En jeu : la vie des habitants de Mossoul et de la vallée du Tigre. Plus de 500 000 personnes seraient emportées par la vague, les infrastructures détruites. Tikrit, Samarra et Bagdad seraient inondées et … l’ambassade américaine sous 4 mètres d’eau.
En 2007, un rapport d’ingénieurs de l’armée US le considérait comme « le barrage le plus dangereux du monde ». L’administration Obama estimant que les travaux à entreprendre étaient trop élevés, avait demandé à la Banque mondiale d’accorder un prêt de 200 millions de $ pour le réparer. Une somme évidement insuffisante dont on se demande si elle a été versée et – si c’est le cas - utilisée à bon escient.
Pour ne rien arranger, l’administration américaine a informé les entreprises qui pourraient intervenir sur le chantier qu’elles seront responsables de leur sécurité. L’Italie a proposé 450 militaires pour protéger les ouvriers, mais comme Mohsin al-Shammari, ministre irakien de l’Eau, a refusé, on doute qu’elles se bousculent pour envoyer des ingénieurs à quelques kilomètres de la frontière avec l’Etat islamique. Le pire est donc à craindre.
Photo : Barrage de Mossoul
Actualisation (2/2/16) :
Le gouvernement irakien a annoncé avoir signé un contrat avec la société italienne Trevi pour réparer le barrage et assurer sa maintenance. En décembre dernier l’Italie a proposé le déploiement de 450 militaires pour sécuriser la zone.
Actualisation (Le Point -10/2/16) :
Les risques de rupture du plus grand barrage d'Irak, près de la ville de Mossoul (nord), sont "plus importants" que ce qui était prévu jusqu'ici, met en garde un rapport américain rendu public mardi par le Parlement irakien.
"Tous les éléments récoltés au cours des douze derniers mois indiquent que les risques de rupture du barrage de Mossoul sont bien plus importants que ce qui avait été imaginé", estime le corps d'ingénieurs de l'armée américaine dans ce document daté du 30 janvier.
Actualisation (AFP -1/3/16) :
L'ambassade des Etats-Unis à Bagdad s’apprête à évacuer ses locaux en cas de rupture du barrage de Mossoul, et conseille aux habitants de la ville et à veux de Tikrit de s’installer à 5 ou 6 km des rives du Tigre, ceux de Samarra à 16 km.
Début février, un conseiller de Haïdar al-Abadi a estimé que Mossoul serait recouverte par 12 à 15m d’eau, et que 500 000 personnes seraient noyées.
A suivre...
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