Vient de paraitre : « Les Yézidis, ceux que l’on appelait les Adorateurs du Diable » (Récit de Joachim Menant, préfacé par Gilles Munier) *
Ce que dit le préfacier : Je connais bien les Yézidis, peuple qui m’a accueilli à plusieurs reprises entre 1995 et 2003 lors de mes voyages en Irak dans la région de Ninive et dans son sanctuaire sacré de Lalesh au Kurdistan.
En août dernier, après l’attaque de Sinjar et les massacres de grande ampleur dont les Yézidis ont été victimes de la part de l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant), l’éditeur Erick Bonnier m’a demandé si je voulais bien préfacer le livre que Joachim Menant leur a consacré… en 1892. J’ai évidemment accepté, n’étant pas parvenu – en 2003 - à susciter l’intérêt des éditeurs à qui j’avais proposé d’écrire sur le sujet. A l’époque, personne n’avait entendu parler des Yézidis et de leur religion, et ces messieurs de l’édition pensaient que je n’intéresserai pas grand monde. Business is business…
En août 2007, des attentats à la voiture piégée dans deux villages yézidis de la région de Sinjar - attribués à Al-Qaïda au Pays des deux fleuves – avaient certes attiré l’attention des médias sur leur communauté, mais pas suffisamment. Avec ses 796 morts et 1562 blessés, le bilan des explosions était pourtant considéré comme le plus meurtrier depuis l’attaque des tours du World Trade Center à New York. Dans le contexte irakien de l’époque, ce n’était pour les médias qu’un terrible attentat de plus qui serait vite oublié. « Pas de quoi faire un livre qui se vendrait », m’avait avoué un éditeur que j’avais relancé.
Aujourd’hui, la mise en avant médiatique de la tragédie du peuple yézidi – alors que celle des Turkmènes, des Shabaks ou des Arméniens est passée sous silence - permet de camoufler certains objectifs cachés des puissances occidentales qui veulent redessiner la carte du Proche-Orient. Les états-majors de la « coalition » craignent, dit-on, qu’en prenant trop visiblement la défense des chrétiens, leur opération contre l’Etat Islamique passe pour une nouvelle croisade. A Bagdad et à Mossoul personne n’est dupe, mais tant mieux si les Yézidis profitent du coup de projecteur sur leurs malheurs.
Puisse la réédition du livre de Joachim Menant - et ma préface qui l’actualise - faire enfin découvrir aux consciences occidentales endormies l’histoire dramatique – que ce soit sous l’Empire ottoman, sous l’occupation britannique ou depuis l’invasion américaine de l’Irak – d’une des communautés religieuses les plus anciennes au monde, et contribuer à sa survie.
*« Les Yézidis, ceux que l’on appelait les Adorateurs du Diable » (Erick Bonnier Editions – 208 pages - 18 euros)
Cahier photos : 14 pages
Livre à commander à l’éditeur (compte Paypal) : erickbonnier-editions.com
chez votre libraire,
ou sur un site de vente en ligne comme Amazon
Extrait du communiqué de presse de l’éditeur :
« Qu’est-ce que le yézidisme ? Une religion monothéiste orale dont les adeptes ont une autre version de la Création du monde.
Le drame du peuple yézidi est de ne pas faire partie des « Gens du Livre » c’est-à-dire des communautés religieuses théoriquement « protégées » par l’islam, comme les chrétiens, les juifs et éventuellement les zoroastriens, adeptes de Zoroastre ou Zarathoustra ».
Sur les Yézidis, lire aussi :
En Irak, les Yézidis, appelés à tort « adorateurs du Diable », sont menacés de génocide (AFI-Flash – août 2014)
Les Yézidis dans la tourmente (AFI-Flash - août 2007)
Photo (ci-dessous) : A Lalesh (Kurdistan irakien), le cheikh Farouk - frère du prince des Yézidis – debout devant l’entrée du sanctuaire de cheikh Adi.